Le colloque est déposé sur calenda, en attendant d'être diffusé ailleurs. Voici une copie de l'appel à communications.
Mai-68, creuset pour les sciences de l’homme ?
Appel à communication
Divers sont les colloques qui ont étudié depuis trente ans la genèse et l’héritage de Mai-68, notamment au travers de la biographie de ses acteurs. D’autres vont avoir lieu qui exploiteront les nouvelles archives disponibles pour examiner comment l’événement a été construit.
Le propos du colloque qu’organise la Société française pour l’histoire des sciences de l’homme (SFHSH) est assez différent. Il ne s’agit pas pour nous d’étudier les discours « sur » Mai-68 et son héritage, mais d’interroger l’influence que Mai-68 a pu avoir sur l’évolution des sciences de l’homme dans la fin du xxe siècle. C’est un pari risqué, car l’établissement d’un lien explicatif entre un « événement » complexe et des mutations disciplinaires qui sont synchrones, ou immédiatement antérieures ou postérieures, n’a rien d’évident. Tout l’enjeu de l’exercice consiste précisément à éviter les pièges du synchronisme et des représentations « mythiques » (en positif ou en négatif) que les acteurs savants ont pu produire dans les années et décennies qui ont suivi.
L’une des solutions sera de travailler les homologies sociales entre le mouvement de Mai et les transformations disciplinaires : l’importance des forums, la multiplication des entreprises collectives, la place de la parole, de l’oral, l’émergence de nouvelles formes d’expression écrite (la littérature grise, les BD, la caricature), les expérimentations hors des institutions académiques.
Quels ont été les effets structurels (sociaux, universitaires) dans les mutations du champ des sciences de l’homme ? Comment les sciences sociales ont-elles dans leurs pratiques et dans leurs analyses pressenti et ressenti l’irruption de Mai ? Comment la lecture de « l’événement Mai 68 » a-t-elle infléchi les interprétations de l’ensemble des crises sociale, culturelle, générationnelle, bientôt économique de la seconde partie du xxe siècle ?
Dans certains domaines, l’anti-psychiatrie, la géographie, l’anthropologie, l’histoire, il existe déjà des recherches qui accréditent à tout le moins une congruence entre les secousses de la fin des années 1960 et des crises disciplinaires durant la décennie 1970 et qui trouvent leur dynamique dans une durée plus longue. Symétriquement se trouve posée la question des savoirs qui durant les décennies 1970-1980 se sont revendiqués de la « pensée 68 ». Il en va ainsi de champs de connaissance nouveaux, qui ont été au départ le fait de personnalités ou de groupes à la marge. Ne faudrait-il pas considérer 68 comme la matrice contre-institutionnelle de champs cognitifs nouveaux ?
Les disciplines
Il paraît nécessaire de présenter des exemples d’évolutions disciplinaires, aussi bien pour administrer la preuve d’effets de contexte que pour éventuellement les réfuter. Ce pourrait être le lieu de réflexion sur les questions épistémologiques soulevées à l’époque, ou émergentes dans le sillage de 1968.
Les trajectoires
Centrées sur des itinéraires individuels, elles pourraient permettre de penser la construction des « figures de Mai-68 » dans le domaine des sciences de l’homme. Des témoins seront sollicités par le comité d’organisation.
Les pratiques
Il s’agit de s’intéresser au(x) rôle(s) des collectifs, à la disjonction entre pratiques traditionnelles et inventions (disciplinaires, sociales, etc.) ; il sera fait une place aux transformations des pratiques éditoriales (éditeurs, revues).
Les institutions
On mettra ici l’accent sur le conflit entre universités et organismes de recherche, et notamment sur la crise universitaire des années 70.
Il s’agit du colloque annuel de la Société française pour l’histoire des sciences de l’homme (SFHSH). Il aura lieu début septembre 2008.
Organisateurs : Bertrand Müller (université de Genève) et Olivier Orain (CNRS, Paris), avec le soutien de Nathalie Richard, présidente de la SFHSH.
Comité scientifique :
Loïc Blondiaux, professeur, sciences politiques, IEP de Lille
Marie-Luce Honeste, professeur, linguistique, université de Rennes II
Laurent Loty, maître de conférences, lettres, université de Rennes II
Gérard Mauger, directeur de recherches, sociologie, CNRS, Paris
Annick Ohayon, maître de conférences, psychologie, université Paris VIII
Philippe Poirier, professeur, histoire, université de Bourgogne
Bernard Pudal, professeur, histoire, université de Paris X Nanterre
Marie-Claire Robic, directrice de recherche, géographie, CNRS, Paris
Christian Topalov, directeur de recherches, sociologie, CNRS, Paris
Françoise Waquet, directrice de recherche, histoire, CNRS, Paris
Elles sont à adresser d’ici le 15 octobre 2007 à Olivier Orain, 13 rue du Four, 75006 Paris (orainol@orange.fr) sous forme de lettre ou de mail. Elles ne devront pas dépasser les 2000 caractères. Le colloque se tiendra début septembre 2008.