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Les Sciences de l'homme en manuels, n° 29 de la RHSH

Le nouveau numéro de la Revue d'histoire des sciences humaines est sorti il y a déjà quelques semaines. Après un numéro de relance (celui sur les "années 68") et deux dossiers qui attendaient depuis un certain temps, c'est le premier volume dont l'élaboration s'est faite après la relance de la revue. Notre collègue Anne-Sophie Chambost, déjà auteure de travaux sur les manuels de droit, a voulu élargir la focale en réalisant un volume à spectre large sur les manuels de sciences humaines. Le sommaire est tributaire d'un appel à communications lancé dans plusieurs communautés scientifiques. Comme d'habitude, j'ai reproduit ci-dessous les principaux seuils éditoriaux.

 

Présentation du dossier

 

Le manuel d'enseignement supérieur est un objet peu estimé, qui n'a pas suscité la même attention que ses équivalents destinés à des publics scolaires. Tenu pour une synthèse, voire une vulgarisation, de connaissances élaborées ailleurs, il n’intéresse guère les historiens des sciences ou de l’enseignement. L’ambition de ce dossier est de contribuer par une historicisation rigoureuse à indiquer toute la complexité et le caractère évolutif de ces objets de savoir et de montrer combien leur production a pu donner lieu à des investissements stratégiques, qu’ils soient le fait d’individus isolés, de collectifs dévoués à une cause ou d’un État. À travers un large spectre de discipline (droit, psychiatrie, langues étrangères, géographie, économie, etc.) et une diversité de situations nationales (France, États-Unis, ex-URSS, Allemagne), il s’agit de faire varier les contextes, les époques et les modalités, afin de dépasser une représentation figée et trop dépendante des formes actuelles de cette production. Les études réunies ici examinent la production, la diffusion, la réception et l’usage de manuels de l’enseignement supérieur, considérés comme une forme spéci- fique de construction et de diffusion des savoirs. Ce faisant, elles éclairent de manière différente la façon dont les sciences humaines sont codifiées, données à lire et à comprendre, à des moments souvent stratégiques de leur développement. Le dossier entend par là convaincre les historiens des savoirs et des institutions académiques de l’importance d’un genre éditorial dont l’intérêt comme archive n’est pas encore pleinement acquitté ou exploré.

 

Sommaire

 

Introduction

Anne-Sophie Chambost


Naissance et mutations d'un marché éditorial : les manuels du supérieur

Jean-Yves Mollier
 

Conception et production des manuels universitaires en Union soviétique. Évolution générale et exemple de l'enseignement du français (1946-1985)

Nataliya Yatsenko


Une introduction polyphonique à l'étude du droit. En-quête de rupture dans l'enseignement juridique

Albane Geslin


Ce qu'un manuel d’économie hétérodoxe peut être. The Worldly Philosophers de Robert Heilbroner

Cyrille Ferraton et Ludovic Frobert


La possibilité d’une géographie humaine (1961-2002). Autour du Précis de géographie humaine de Max Derruau

Michel Lompech et Éric Bordessoule


La formation du regard clinique. L’essor du manuel et l’écriture de cas dans la psychiatrie germanophone (1875-1900)

Yvonne Wübben

 

Document

Quatre dossiers médicaux pour six mois d’internement : les étapes du rapatriement de l’ouvrier Alessandro T. d’Érythrée en Italie

Les dossiers d’un patient psychiatrique en Érythrée (1939) : l’hôpital colonial, le navire-hôpital et deux hôpitaux psychiatriques métropolitains
Marianna Scarfone


Varia

Le quart féminin des géographes : dynamiques et limites de la féminisation dans la géographie universitaire française et internationale (1928-1938)

Nicolas Ginsburger


Raccourci analogique et reconstruction microhistorique. Les origines du laboratoire de psychologie expérimentale de Genève en 1892

Marc Ratcliff

 

Débats, chantiers et livres

* La Révolution : une affaire d’idées ? Une histoire intellectuelle de la Révolution française. Jonathan Israel et les déplacements des radicalités politiques

Jean-Luc Chappey et Blanca Missé
Response to Chappey and Missé

Jonathan Israel
*Pour l’historicisme. Avec et à partir de Christian Topalov

Wolf Feuerhahn
* Nathalie Richard, Hippolyte Taine. Histoire, psychologie, littérature (Céline Trautmann-Waller)
* Pascal Clerc et Marie-Claire Robic (dir.), Des géographes hors-les-murs ? Itinéraires dans un Monde en mouvement (1900-1940) (Dylan Simon)
* Dominique Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq (Jean-Louis Tissier)
* Les politiques publiques mises en œuvre au nom de la biodiversité sont-elles irrémédiablement néolibérales ? (Emanuel Bertrand)

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Modélisation et sciences humaines. Figurer, interpréter, simuler

Sont parus en juin 2016, sous le titre Modélisation et sciences humaines. Figurer, interpréter, simuler, les actes d'un colloque de la Société d'histoire et d'épistémologie des sciences du langage (SHESL) qui s'est tenu à Paris les 24 et 25 janvier 2014. J'ai recopié ci-dessous les éléments de présentation que ses directeurs ont diffusés. On y trouve entre autres un texte que j'ai écrit et dont j'ai déjà parlé de manière oblique ici. C'est un gros travail de 54 pages, une sorte de novella épistémologico-historique, donc d'un gabarit un peu inhabituel. Je crois que j'avais besoin de ce déploiement pour dire à la fois des choses sur l'historicité du terme 'model' dans la géographie anglophone, indiquer le rôle souvent assez périphérique des réalisations graphiques dans le contexte de spatial analysis américaine des années 1950-60 (chez W. Bunge et B. Berry par exemple) et la transformation très singulière à laquelle a donné lieu en France l'hypothèse de "modèles graphiques". Je n'en redis pas davantage car c'est déjà exprimé ailleurs et je voudrais plutôt valoriser le livre par la présentation ci-dessous (qui n'est pas de moi, je le reprécise). 

 

Argumentaire

 

Les termes de modèle et de modélisation sont, depuis quelques décennies, omniprésents dans la littérature scientifique et en particulier celle des sciences du langage, de l’homme et de la société. Quel sens donner à ce phénomène ? Même si dans certains cas, c’est la définition « classique » telle que proposée par la philosophie des sciences qui est utilisée, à savoir le modèle comme instance intermédiaire de validation empirique d'une théorie, le terme de modèle se substitue souvent à ceux de théorie, système, schéma ou méthode et reçoit des acceptions variables visant à combler le fossé entre enquête empirique et réflexion théorique. La modélisation, quant à elle, tient souvent moins à la mathématisation des savoirs qu’à des modes distincts de mise en œuvre tels que figurer, interpréter et simuler.
Cet ouvrage se propose d’établir un état des lieux et des usages. Qu’appelle-t-on modèle ? Faut-il restreindre ce terme à un certain type de généralisation ? Les sciences humaines, ou certaines sciences humaines, ont-elles développé des types de modélisation spécifiques ? Comment les modèles sont-ils produits, empruntés, abandonnés ?
Cette réflexion sur les modèles et la modélisation, menée sur les plans historique et épistémologique dans des domaines variés tels que la linguistique, l’histoire de la grammaire, la philosophie du langage, la géographie, la psychologie, l’économie, l’histoire de l’art, a permis d’ouvrir un espace commun pour ces disciplines et plus généralement pour l’ensemble des sciences humaines.

 

Table des matières
 

Introduction
Des sciences du visible, Didier Samain


Référence et convention
Pourquoi historiciser et sociologiser la notion de modèle ?, Michel Armatte
Sens, dénotation, modèle(s), Manuel Gustavo Isaac
La sous-détermination des modèles explicatifs par les lois empiriques : un problème récurrent mais fécond en géographie de modélisation, Franck Varenne
L’Organonmodell (1934) et le Strukturmodell (1936) de Karl Bühler. Une proposition déplacée et même déplaçante pour les sciences du langage, Savina Raynaud
Les chaînes de Markov. Parcours d’un « modèle » au fondement de la mathématisation et de l’automatisation de la linguistique, Jacqueline Léon

Analogies
Quels modèles pour la grammaire émergente ?, Charles-Henry Morling
Entre construction et observation : modèle et modélisation de la figure humaine chez David Ramsay Hay et Carl Heinrich Stratz, Hiromi Matsui
Modèles et modélisation dans la clinique du langage : de l’usage des « schémas de la parole » chez Kussmaul et chez Séglas, Camille Jaccard
Remarques sur le modèle d’analyse des énoncés dans la rhétorique arabe tardive, Jean-Patrick Guillaume
Le rôle de la graphique dans la modélisation en géographie. Contribution à une histoire épistémologique de la modélisation des spatialités humaines, Olivier Orain

Cognition et genèse
Actualités du modèle darwinien en linguistique, Sémir Badir, Stéphane Polis, François Provenzano
Psychologie et linguistique : à propos de l’école de Genève (Sechehaye, Bally et Frei) et de la linguistique cognitive américaine (Lakoff), Dominique Klingler, Georges Daniel Véronique
La constitution d’un paradigme : la linguistique cognitive comme réseau théorique, modèle(s) et métathéorie, Jean-Michel Fortis
Heurs et malheurs d’une tentative de modélisation. Jean Piaget et la formalisation des structures de l’esprit (1937-1972), Marc J. Ratcliff

Praxéologie et sociologie des acteurs
Enjeux épistémologiques et politiques de la métrique, Spiros Macris
Normes, description linguistique et interprétation « artéfactuelle » dans les grammaires françaises du XVIe siècle, Nick Riemer
La modélisation sémantique du marquage casuel en grammaire arabe : enjeux taxinomiques, heuristiques et polémiques, Marie Viain
La modélisation statistique du rythme et la dissolution de la structure syllabique, Nicolas Ballier

Épilogue
Une civilisation des modèles ? Cartographie des représentations et historiographie, Claude Blanckaert

 

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Les sciences du psychisme et l'animal, n°28 de la RHSH

Le nouveau numéro de la Revue d'histoire des sciences humaines (n° 28) est sorti. Le dossier porte donc sur « Les sciences du psychisme et l'animal » et réunit six textes, outre l'introduction d'Aude Fauvel. Trois articles en varia également, parmi lesquels un très beau travail de Dylan Simon sur les «complexes pathogènes» de Max Sorre, et une étude au long cours de Serge Reubi sur les particularités sociales de l'ethnographie suisse du « premier XXe siècle ». À noter egalement un examen méticuleux par Arnauld Chandivert de la position de Daniel Faucher entre résistance et notabilité universitaire sous le gouvernement de Vichy (entre autres figures traitées dans son article). Je reproduis ci-dessous l'argumentaire du dossier et le sommaire du volume. Si vous êtes intéressé-e-s par ce numéro (et les autres), n'hésitez pas à vous abonner à la revue !

 

Présentation du dossier (Aude Fauvel)
Psychiatres testant des produits toxiques sur des chiens, psychologues bombardant des chèvres « psychonévrosées », psychothérapeutes arrachant des bébés singes à leurs mères pour les observer…, au titre de l'histoire animale les disciplines psys semblent se situer sur une ligne classique : celle d'une vision utilitaire des animaux, exploités et sacrifiés sur l’autel de la science. Selon certains chercheurs, si les savoirs psys ont, depuis Darwin, souligné les similitudes entre l’esprit humain et animal, ils n’auraient ainsi pourtant pas aidé à réduire l’écart entre l’un et l’autre. Dans l’histoire des sciences du psychisme, comme ailleurs, étudier les animaux ce serait être essentiellement confronté au récit de leurs souffrances.
Ce numéro porte un regard différent sur ce lien entre animaux et sciences du psychisme et montre que les secondes ne se sont pas seulement construites contre les bêtes mais aussi en collaboration avec elles, dans des rapports d’influences mutuelles, au dedans et au dehors des laboratoires. À côté des cobayes d’expériences, les psys ont fait surgir d’autres figures de l’animalité, percevant les animaux comme des partenaires, des patients, et même, comme des thérapeutes. En revisitant l’histoire psy sous cet angle, l’objectif n’est pas seulement de contribuer au renouvellement du regard sur l’histoire animale, il est aussi de participer à la réflexion sur la façon dont penser avec les animaux peut aider à penser les sciences de l’homme.

 

Sommaire


Introduction. Des rats, des chiens et des psys. Repenser l'interaction humain/animal dans l'histoire des sciences du psychisme (XIXe-XXIe siècles)

Aude Fauvel


Animaux à aimer, animaux à tuer. Animalité et sentiments zoophiles en France au XIXe siècle

Damien Baldin

 

« Le chien naît misanthrope ». Animaux fous et fous des animaux dans la psychiatrie française du XIXe siècle

Aude Fauvel


Débats autour de la psychologie animale. La rencontre Pierre Hachet-Souplet – Édouard Claparède

Élisabeth Chapuis


Des relations déraisonnables ? Marie Bonaparte, son chien Topsy, la biologie et la psychanalyse

Rémy Amouroux


Quand l'éthologie revisite la psychanalyse. La question de l'attachement entre Grande-Bretagne et France

Wolf Feuerhahn


Soigner par le contact animalier. Aux origines de la recherche sur les interactions humains/animaux à but thérapeutique

Jérôme Michalon

Document
Lettre de Joseph Delboeuf à William James du 2 novembre 1886
Comment un savant devient « guérisseur ». D'après une lettre inédite de Joseph Delboeuf à William James

Thibaud Trochu

Varia
Une histoire à part ? L'étude des traditions mineures en histoire des sciences humaines à travers l'ethnographie suisse du premier XXe siècle

Serge Reubi
 

Sciences sociales, Résistance et « mystique provinciale » à Toulouse sous le gouvernement de Vichy. Complexité et ambivalence des engagements (1930-1950)

Arnauld Chandivert


Quand un concept écologique fait date. L’invention des « complexes pathogènes » en géographie

Dylan Simon



Notes de lecture
* Anthony Andurand, Le mythe grec allemand. Histoire d’une affinité élective (Sandrine Maufroy)
* Claude Blanckaert (coord.), La Vénus hottentote entre Barnum et Muséum (Jean-Luc Chappey)
* Daniel Baric, Langue allemande, identité croate. Au fondement d’un particularisme culturel (Anne-Marie Thiesse)
* L’enseignement secondaire en France et l’articulation complexe entre disciplines littéraires et scientifiques (1945-1985) (Emanuel Bertrand)

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Retour sur un congrès régional de l'UGI

Je profite d'en avoir fini avec mes conférences de master première année pour revenir sur les semaines passées et annoncer quelques actualités. Premier billet, centré sur l'histoire de la géographie russe et ses praticiens.

Je suis allé à Moscou du 16 au 22 août dernier pour participer à une conférence régionale de l'Union géographique internationale (UGI). C'était la première fois que je participais à ce genre de grande messe, ayant pratiqué le dialogue interdisciplinaire davantage qu'international ces dernières années. Il s'agissait de rencontrer des collègues, russes en particulier. Depuis la publication en 1996 de « La géographie russe (1845-1917) à l’ombre et à la lumière de l’historiographie soviétique » dans l'Espace géographique, je n'ai jamais renoncé à la perspective de retravailler un jour sur l'histoire de la géographie russe. Mais la tâche est tellement énorme qu'elle ne me semble pas pouvoir être le fait d'un individu isolé. J'avais espéré un temps que Marina Frolova, qui a fait une thèse sur l'objet Caucase dans la géographie russo-soviétique, pourrait être une force motrice dans un projet de ce genre. Cela n'a pas été le cas car elle est passée à autre chose. Aussi, j'avais le souci de mettre à profit ce séjour pour rencontrer les collègues que la thématique intéresse.

C'est peu de dire que ces attentes ont été déçues. J'ai assisté à un certain nombre de sessions de la commission « histoire de la géographie », toutes présidées par l'inamovible Alexeï Postnikov. Ce qui fut présenté par des collègues russes avait un caractère très descriptif et dénué de toute problématique ou esprit critique. Il s'agissait de célébrer les travaux et les jours de géographes et explorateurs du passé, en relatant par le menu leurs faits et gestes, les enjeux matériels de leur travail, en présentant aussi un certain nombre de réalisations, cartographiques pour l'essentiel. Je me souviens en particulier d'une présentation très monotone d'une collection de cartes européennes réalisées entre le XVe et le début du XVIIIe siècle qui figurent des toponymes et ethnonymes comprenant le terme "tartar" (ou "tatar"), qui a duré trois quarts d'heure et a consisté exclusivement en une présentation de documents, avec un commentaire centré sur la position relative de ce nom. Il n'y avait aucune réflexion sur les enjeux politico-historiques ou cognitifs de cette désignation. Autre déception, une communication centrée sur la figure ô combien essentielle de Dmitriï Nikolaïévitch Anoutchine, qui était aussi riche de contenu qu'un exposé d'élève de collège. Par ailleurs, la teneur des "débats" a montré qu'il était toujours aussi difficile aujourd'hui d'examiner des enjeux sociaux et idéologiques quand on aborde ce passé scientifique. Le chairman a fait montre d'un nationalisme assez confondant, multipliant les formules qui ancraient les hommes du passé dans un commun (ainsi l'usage du possessif "notre" dont l'insistance vient souligner l'importance patrimoniale des "hommes remarquables" - zamiétchatel'nyïé lioudi - du passé : "notre grand géographe", "notre universitaire", "il est des nôtres"). D'ailleurs le mouvement de jeunesse poutinien est souvent appelé "nachi" (les nôtres), ce qui est une façon très russo-soviétique d'afficher un nationalisme ombrageux en quelque sorte invisible à lui-même, puisqu'il n'a même pas besoin d'user d'autre chose que d'un possessif d'une banalité limpide.

Je me suis laissé dire que mon sentiment avait été ressenti dans d'autres sessions, en tout cas en ce qui concerne les énumérations descriptives plates. Sans doute peut-on interpréter l'impression de stagnation (sinon de régression) que donne la géographie russe par la crise particulièrement sévère que traversent l'université et la recherche russes depuis plus de deux décennies. Si certains secteurs du développement national ont connu un redressement spectaculaire, il n'en va pas de même pour des activités dont la valorisation économique est faible, ce qui est particulièrement le cas pour la production de savoirs gratuits. Dans ces conditions, comme me l'a confirmé Vladimir Kolossov, plus personne ne peut se permettre de concentrer son travail sur une activité aussi dénuée d'enjeu que l'histoire de la géographie. Restent quelques retraités longuement durcis dans un moule soviétique et des jeunes étudiants que l'on bizute en leur faisant prononcer des exposés sur les vieilles gloires de "notre histoire" (enfin, la leur...). Ce n'est déjà pas facile de faire de l'histoire des sciences dans un pays aussi bien doté que la France, alors en Russie, après trente ans de difficultés considérables, il n'y a rien de surprenant. Rétrospectivement, c'est ma naïveté et mon enthousiasme initiaux qui me posent question. Encore fallait-il aller voir.

Reste le nationalisme. J'ai la faiblesse de penser que la culture et l'habitude de travailler à des sujets complexes constituent des garde-fous non pas systématiques mais néanmoins tendanciellement efficaces. Je n'ai pas eu suffisamment d'occasions de parler de manière approfondie avec des collègues russes durant ces quelques jours (ce séjour était trop court et insuffisamment immersif pour ce faire) pour pouvoir me faire une idée précise. Mais en tout cas j'ai pu constater que le réflexe "nachi" était là aussi chez des "savants", en particulier âgés. Effet d'une marginalisation sociale particulièrement cruelle ? C'est difficile à dire. Le 20 août, j'ai participé à une visite en autocar de la ville avec un public constitué quasi exclusivement de russophones (car le guide ne parlait pas d'autre langue). C'était supposé être une excursion scientifique avec un conférencier prisé. Pourtant, mis à part quelques considérations géomorphologiques assez sommaires, le propos de ce monsieur a consisté essentiellement à désigner des lieux, à rappeler le passage de "notre grand homme" (écrivain, savant, prêtre ou dignitaire soviétique, etc., illustre) à tel endroit (fût-ce anecdotique), ou encore à relater longuement la renaissance de tel ou tel lieu de culte. Lors de la visite du magnifique couvent de Novodiévitchi, sa principale activité a consisté à permettre à ceux qui le souhaitaient d'aller se recueillir à l'intérieur des églises, ayant d'emblée annoncé qu'il n'aurait pas le droit de nous faire un exposé (qui de toute façon aurait été factuel et sans intérêt). La bigoterie du bonhomme a d'ailleurs fini par lasser la plupart des participants, qui l'ont envoyé sur les roses à sa énième proposition de visiter une église de quartier. Le développement urbain de la ville n'a jamais été évoqué, sinon dans des formulations très sommaires. Au moment de passer devant une mosquée, le guide nous a déclaré en substance : « Aujourd'hui, il y a deux millions de musulmans à Moscou (sur 12 millions). C'est un vrai problème. Bon, il nous faut nous montrer tolérants... » Il y avait par ailleurs un Ukrainien dans le groupe, très discret et réservé. Au moment de remonter dans le car près du mont des Moineaux, avant de retourner à l'université Lomonossov et de mettre un terme à l'excursion, le guide s'est aperçu que l'Ukrainien avait disparu. Et d'interpeller le groupe : « Nous avons perdu notre collègue ukrainien. Voulez-vous qu'on l'attende ? Bon, il nous faut montrer tolérants. » Sur quoi, dans un contexte atone, le car est reparti...

Je ne veux pas rester sur cette noté désabusée. La ville de Moscou a incroyablement changé. Elle accueille une diversité humaine significative. Les jeunes Russes ressemblent aux jeunes du monde entier et nul doute que les nouvelles générations auront un jour la possibilité de s'affranchir de cette chape nostalgique et acrimonieuse qu'il est aisé de ressentir (à condition de parler la langue). Quelques échanges m'ont permis de constater à quel point demeure chez de nombreux Russes cette curiosité et cette chaleur humaine que j'avais tant appréciées lors de mes précédents voyages.

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Séminaire Les écritures du géographique, deuxième saison

Les écritures du géographique

Séminaire mensuel / programme 2015-2016

 

Pascal Clerc, Maître de conférences à l’ESPE de Lyon, EHGO

Olivier Orain, Chargé de recherche au CNRS, EHGO

Muriel Rosemberg, Maître de conférences à l’UPJV, EHGO

Séminaire mensuel d’octobre 2015 à juin 2016, le vendredi de 10h à 13h Lieu: EHGO, UMR Géographie-cités, 13 rue du Four, 75 006 Paris (3ème étage, bibliothèque)

 

Ce séminaire entend développer l’investigation des formes savantes de l’écriture géographique en les mettant en contact et en tension avec d’autres formes de textes qui portent également des modalités de connaissance ou de questionnement géographiques (le sentiment paysager, le rapport aux lieux ou à l’espace, le devisement régional, etc.) : l’écriture de fiction sous tous ses registres, mais aussi le texte descriptif, le récit de voyage, l’essai, ou encore les écrits intimes. On fait en effet l’hypothèse que les formes d’écriture savante ne procèdent pas seulement d’un formatage disciplinaire, mais tout autant d’une matrice culturelle dans laquelle s’inscrit l’activité scientifique. Les choix d’écriture du monde savant (dispositifs rhétoriques, références culturelles, postures et genres scripturaires) seront dans cet esprit mis en perspective avec des pratiques d’écritures artistiques (et des réflexions sur ces pratiques) qui leur sont contemporaines.

Les écritures : le pluriel renvoie à la diversité des langages textuel et iconique (photographie, cinéma, cartographie, schématisation) et des dispositifs qui les combinent de façon variée. En ne privilégiant aucun type d’écrit, on vise à centrer le questionnement sur le geste d’écriture en tant que lieu d’élaboration d’une pensée, et sur les relations entre formes d’écriture et conceptualisation géographique. On s’attachera ainsi aux dessous de l’écrit en interrogeant la présence dans le texte des conditions de son élaboration (les marques de l’activité de recherche, de pensée ou d’écriture) ou en explorant un genre comme l’écrit intime (textes de géographes qui n’étaient pas destinés à la publication, tels la correspondance ou les carnets de voyages).

 

Vendredi 23 octobre 2015

Juliette Morel

Poétique et cartographie dans l'œuvre de Kateb Yacine

 

Vendredi 20 novembre 2015

Oriane Vilain

La mise en récit des régions frontalières dans des romans tchèques de la période communiste (Josef Jedlička, Bohumil Hrabal, et Jaroslav Durych)

 

Vendredi 18 décembre 2015

Jean-Marc Besse

Fiction cartographique

 

Vendredi 29 janvier 2016

Henri Desbois

Les imaginaires cartographiques, approches par la littérature

 

Vendredi 18 mars 2016

Guilhem Labinal

Stratégies d’écriture et relations texte-image dans les magazines grand-public de géographie

 

Vendredi 29 avril 2016 (lieu à préciser)

Didier Mendibil

Lectures de Georges Didi Huberman

 

Vendredi 20 mai 2016

Samuel Harvet

Philippe Vasset et la démarche documentaire en littérature contemporaine, une nouvelle forme d’écriture géographique ?

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Un bref portrait de Roger Brunet

Je suis en train de revoir un article à paraître dans les actes du colloque de la Société d'histoire et d'épistémologie des sciences du langage (SHESL), Modèles et modélisations en sciences du langage, de l’homme et de la société. Perspectives historiques et épistémologiques (2014). Ce texte, consacré au rôle de la "graphique" dans la modélisation en géographie, est l'occasion de préciser et de rendre publiques des analyses que je développe depuis 20 ans à propos de l'histoire de l'analyse spatiale. Une fois n'est pas coutume, la perspective sémiologique n'est pas centrée sur l'expression discursive mais sur l'image. C'est aussi mon premier texte dans une perspective résolument internationale, examinant des circulations entre géographies américaine, anglaise et française.  La première partie se focalise sur l'émergence du terme "model" dans la géographie anglophone. La deuxième examine le statut et les propriétés d'un certain nombre d'élaborations graphiques associées au développement de la modélisation spatiale aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Le troisième explore la façon très particulière dont Roger Brunet a excipé de cela la proposition que l'on pouvait développer une modélisation à proprement parler graphique. Il y a un double mouvement derrière cette architecture : l'un consiste à montrer comment une virtualité relativement annexe (illustrer une élaboration mathématique par une schématisation) a été progressivement rendue iconique, du fait des propriétés de l'image et de son statut particulier en géographie ; l'autre tend à montrer que la fameuse "syntaxe spatiale" proposée par R. Brunet ne peut se comprendre que replacée dans un cadre plus large (là où trop de commentateurs myopes ont érigé sa "table des chorèmes" en table de la Loi ou en puzzle carcéral, en en gommant l'historicité).

M'adressant à des non-spécialistes, j'ai rédigé un encadré sur Roger Brunet donnant quelques informations sommaires sur sa trajectoire. C'était aussi une façon de ne pas enfermer sa vie dans le geste analytique de l'épistémologue. Il s'agissait également d'exprimer peu ou prou ma sympathie profonde pour un homme qui a profondément marqué la géographie française de la deuxième moitié du XXe siècle, alors que les jeunes générations le connaissent moins bien et que le grand public est peu au fait de son travail. L'article étant très long, il m'a été demandé de rogner ce qui pouvait l'être. Les collègues ont trouvé que cet encadré était peut-être dans une trop grande sympathie pour l'homme et c'est ce qu'ils m'ont demandé de retirer au premier chef. Comme je n'avais pas envie qu'il disparaisse complètement, je le republie sur mon blog. Je ne sais pas trop à qui cela pourra servir, mais les automates d'internet sont fouineurs.  Comme over-blog m'empêchait de présenter cela à ma guise (le texte débordait à droite), j'ai créé une page ad hoc.


Voir la page


J'ai maintes fois exprimé mon désir d'écrire un jour quelque chose de conséquent sur Roger Brunet (un livre ? une succession d'études ?). Gageons que cette brève présentation et mon travail à l'occasion de cet article seront les premières pierres apparentes de cette élaboration. J'assume en tout cas toutes les sympathies et antipathies qui s'y expriment. La seule chose qui me laisse de marbre est le prix Vautrin-Lud, qui a trop souvent couronné une notoriété plutôt qu'une œuvre conséquente (et non, je ne donnerai pas de noms !).

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Émission de radio sur les "années 68" des SHS

Je suis invité aujourd'hui, aux côtés de Bruno Fuligni par Brice de Villers sur Fréquence protestante pour discuter (en ce qui me concerne) du numéro de revue Les "années 68" des sciences humaines et sociales. L'émission sera diffusée le 14 mars à 19h00 et réécoutable en podcast ultérieurement.

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L'anthropologie et les matérialités de la race, à paraître

Le prochain numéro de la Revue d'histoire des sciences humaines (n° 27), à paraître en juin 2015, portera sur "L'anthropologie physique et les matérialités de la race". Il explorera la facétieuse (?) passion des savants européens de l'époque coloniale pour les crânes, leur signification raciale et leur inscription matérielle. L'envers, la face sinistre de cette histoire, ce furent ces pillages de sépultures et d'objets rituels, cautionnés par un sentiment de supériorité insondable et rendus possibles par une domination politique sans failles.

 

Présentation du dossier (Ricardo Roque)

Ce dossier explore l’importance de la vie matérielle dans la construction de la race comme artefact scientifique produit par l’anthropologie physique. Il rassemble un éventail d’études historiques relatives aux sciences raciales au temps de leur âge d’or (XIXe - XXe siècles). Elles analysent les nombreux truchements par lesquels la matérialité amène — ou non — à la vie les « races humaines ». Les théories, épistémologies, et visions du monde raciales sont ici approchées à travers leurs manifestations dans les corps et squelettes humains, l’instrumentation anthropométrique, les archives, les espaces muséologiques, et les rencontres sur le terrain. Ce dossier adopte la notion de « matérialités de la race » comme outil heuristique, sensibilité méthodologique et objet empirique, englobant trois grandes dimensions de la vie matérielle dans la pensée raciale : les artefacts, les corps humains, et les lieux. Par conséquent, ce dossier met au défi les historiens de l’anthropologie de combiner les pratiques de l’histoire intellectuelle et les histoires matérielles de la race.

 

Sommaire

 

Introduction. L'anthropologie physique et les matérialités de la race

Ricardo Roque

 

Confronting “hybrids” in Oceania: field experience, materiality, and the science of race in France

Bronwen Douglas

 

(Re)connaître l’homme primitif : savoir anthropologique, préconceptions et situations locales à Sulawesi, 1892-1906

Serge Reubi

 

Faces from the Netherlands Indies. Plaster casts and the making of race in the early twentieth century

Fenneke Sysling

 

À propos de cent trente-cinq crânes de Papous : A. B. Meyer et la controverse autour de la craniologie

Hilary Howes

 

‘A little history attached to them’ : authenticité et crédibilité du témoignage matériel dans les collections anthropologiques, 1850-1900

Ricardo Roque

 

Document

Sur les soutenances de thèse de C. Lévi-Strauss et P. Métais. Lettre de M. Jean-Brunhes Delamarre à A.-G. Haudricourt (20/06/1948)

 

À propos de la lettre de M. Jean-Brunhes Delamarre à A.-G. Haudricourt du 20/06/1948

Jean-François Bert

 

Varia

Pour une théorie évolutive humaine. Armand de Quatrefages, la formation des races et le darwinisme au Muséum national d’histoire naturelle

Claude Blanckaert

 

Comptes rendus

* Jean-Luc Chappey, Carole Christen et Igor Moullier (sous la direction de), Joseph-Marie de Gérando (1772-1842). Connaître et réformer la société (Collection Carnot), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, 341 p.

par Catherine König-Pralong

* Pierre-Henri Castel, La fin des coupables. Obsessions et contrainte intérieure de la psychanalyse aux neurosciences, suivi de Le cas Paramord, Paris, Ithaque, coll. « Philosophie, anthropologie, psychologie », 2012.

par Florent Serina

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Géographies entre France et Allemagne

Sous le titre "Géographies entre France et Allemagne. Acteurs, notions et pratiques (fin XIXe siècle - milieu XXe siècle)", quelques collègues de mon équipe viennent de publier un numéro thématique dans la Revue germanique internationale. Ils sont le fruit d'un travail collectif amorcé dans les années 2008-2010, alors qu'un programme du ministère des Affaires étrangères avait permis des rencontres avec des collègues de Leipzig. J'en ai fait partie un temps, mais n'ai pas trouvé le temps de concrétiser. J'ai promis d'en faire un compte rendu dans la RHSH (pour le n°28, vraisemblablement). J'en ai déjà lu plus de la moitié et en trouve la lecture fort stimulante. En attendant la rédaction de mon analyse, je recopie ci-dessous l'argumentaire du numéro et sa table des matières. 

 

Les entraves posées aux circulations des chercheurs dans les contextes de guerre et les rivalités ouvertes en périodes de paix pourraient laisser supposer une moindre circulation internationale des idées entre les géographies universitaires françaises et allemandes de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Pourtant, la « référence allemande » dans le champ scientifique français en général et dans le champ de la géographie en particulier n’en est pas moins forte à partir de la fin de la guerre de 1870 – au contraire.

Partant de ce constat, ce numéro thématique de la Revue germanique internationale vise à interroger le rôle et les formes prises par les circulations scientifiques transnationales dans la production géographique. Les textes réunis dans ce numéro n’ont pas pour prétention d’englober la totalité de la recherche internationale, ni de dresser un panorama exhaustif des études relatives à l’histoire des géographies françaises et allemandes. Ils mettent en revanche l’accent sur la diversité des mécanismes et des opérations sociales impliqués par les circulations de textes, de notions et de pratiques ainsi que sur l’ambivalence des relations intellectuelles entretenues entre géographes des deux pays à cette époque.

 

Sommaire

Ségolène Débarre

Introduction

Marie-Claire Robic

La réception de Friedrich Ratzel en France et ses usages au temps de l’installation de la géographie à l’Université (années 1880-1914)

Gaëlle Hallair

Siegfried Passarge dans la Bibliographie Géographique Internationale : mécanismes, enjeux et acteurs de la réception d’un géographe allemand en France

Denis Wolff

Albert Demangeon, l’Allemagne et les géographes allemands : entre admiration et appréhension, ouverture et vigilance, une relation complexe (1902-1940)

Nicolas Ginsburger

Deux collègues géographes en Anatolie ? Parcours, méthodes et analyses de terrain des professeurs Ernest Chaput et Herbert Louis en Turquie (1928-1939)

Géraldine Djament-Tran

Révolution scientifique et circulations en géographie : Christaller et la genèse transnationale de l’analyse spatiale

Pascal Clerc

Des connaissances pour l’action. La géographie coloniale de Marcel Dubois et Maurice Zimmermann

Nicolas Ginsburger

Une école allemande de géographie coloniale ? Géographes universitaires et fait colonial dans l’enseignement supérieur allemand (1873-1919)

Ségolène Débarre et Nicolas Ginsburger

Geographie der Kolonien, Kolonialgeographie ? Théorisation et objectifs de la géographie coloniale dans les leçons inaugurales de Fritz Jaeger (1911) et Hans Meyer (1915)

Fritz Jaeger

Leçon inaugurale de Fritz Jaeger, à l’université de Berlin, le 10 mai 1911

Hans Meyer

Leçon inaugurale de Hans Meyer, à l’université de Leipzig, le 12 juin 1915

 

 

 

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Séminaire Les écritures du géographique

Les écritures du géographique
Séminaire mensuel


Pascal Clerc, Maître de conférences à l’ESPE de Lyon, EHGO
Olivier Orain, Chargé de recherche au CNRS, EHGO
Muriel Rosemberg, Maître de conférences à l’UPJV, EHGO


Séminaire mensuel de février à juin, le vendredi de 10h à 13h (à l’exception de la séance introductive qui se tiendra un jeudi)
Lieu : EHGO-Géographie-cités, 13 rue du Four, 75 006 Paris (3ème étage, bibliothèque)


Ce séminaire entend développer l’investigation des formes savantes de l’écriture géographique en les mettant en contact et en tension avec d’autres formes de textes qui portent également des modalités de connaissance ou de questionnement géographiques (le sentiment paysager, le rapport aux lieux ou à l’espace, le devisement régional, etc.) : l’écriture de fiction sous tous ses registres, mais aussi le texte descriptif, le récit de voyage, l’essai, ou encore les écrits intimes. On fait en effet l’hypothèse que les formes d’écriture savante ne procèdent pas seulement d’un formatage disciplinaire, mais tout autant d’une matrice culturelle dans laquelle s’inscrit l’activité scientifique. Les choix d’écriture du monde savant (dispositifs rhétoriques, références culturelles, postures et genres scripturaires) seront dans cet esprit mis en perspective avec des pratiques d’écritures artistiques (et des réflexions sur ces pratiques) qui leur sont contemporaines.
Les écritures : le pluriel renvoie à la diversité des langages textuel et iconique (photographie, cinéma, cartographie, schématisation) et des dispositifs qui les combinent de façon variée. En ne privilégiant aucun type d’écrit, on vise à centrer le questionnement sur le geste d’écriture en tant que lieu d’élaboration d’une pensée, et sur les relations entre formes d’écriture et conceptualisation géographique. On s’attachera ainsi aux dessous de l’écrit en interrogeant la présence dans le texte des conditions de son élaboration (les marques de l’activité de recherche, de pensée ou d’écriture) ou en explorant un genre comme l’écrit intime (textes de géographes qui n’étaient pas destinés à la publication, tels la correspondance ou les carnets de voyages).

 


Jeudi 26 février 2015
Pascal Clerc, Olivier Orain et Muriel Rosemberg (EHGO - UMR Géographie-cités)
Les dessous de l’écrit : la présence de l’activité de recherche, de pensée ou d’écriture dans le texte

Vendredi 27 mars 2015
Samuel Thévoz (Fonds national suisse de la recherche scientifique)
Toposensibilités: enjeux de géographie littéraire.

Vendredi 15 mai 2015
Muriel Rosemberg (EHGO - UMR Géographie-cités)
L’écriture essayiste

Vendredi 12 juin 2015
Théo Soula (EA Patrimoine. Littérature. Histoire, Toulouse 2)
Géographie de la phrase : la spatialité comme principe d'écriture chez Jacques Réda ?

Le séminaire d’Avril est remplacé par les Journées d’études géolittéraires qui se tiendront les 20 et 21 à l’Institut de Géographie, rue St-Jacques (voir annonce sur le site de l’UMR Géographie-cités)

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