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Misère du possibilisme

Ceci n'est qu'une esquisse. Si c'était plus que cela, ce serait un article, proposé à telle ou telle revue. Je ne fais qu'amorcer la mise noir sur blanc d'une opinion qui mûrit depuis plusieurs années maintenant.

Qu'est-ce que le possibilisme ? Un mot qu'on trouve dans un nombre incalculable d'articles et d'ouvrages de géographie. Il est supposé décrire la position de l'école française de géographie sur une question centrale : la pensée des relations homme/nature. Version résumée : « la nature propose, l'homme dispose ». En cela, il y aurait rupture avec leurs contemporains allemands, tout particulièrement Friedrich Ratzel, qui auraient été « déterministes », c'est-à-dire convaincus de l'influence directe de la nature sur l'homme. La géographie française réintroduirait le libre-arbitre de l'homme, ramenant les « conditions naturelles » à un statut nécessaire mais insuffisant.

Ma proposition consiste à dire : le « possibilisme » est un descripteur a posteriori de l'attitude des vidaliens, au pouvoir explicatif faible, et ce d'autant plus qu'il n'y a pas eu de posture stable, y compris chez nombre de représentants fameux de cette « école ». Ce faisant, le rabâchage de la vulgate du possibilisme a pour effet d'impatroniser une représentation simpliste et pour partie erronée de ce que pensaient les « classiques ». Il y aurait un intérêt certain à déconstruire tout cela, ne serait-ce que par respect pour des défunts qui n'en peuvent plus mais. C'est aussi un exemple typique de manipulation de grandes catégories génériques, «la nature», «l'homme», qui nous donne un sentiment d'ivresse philosophique, quand bien même le baratin en généralité serait justement à éviter.

Georges Bertrand, dans son fameux texte « Pour une histoire écologique de la France rurale » (1975), avait déjà exprimé tout le mal qu'il faudrait penser du possibilisme comme doctrine épistémologique.

À la fin du xixe siècle, le problème du possibilisme a été placé au centre du débat géographique... et il semble y être resté pour beaucoup d'historiens. Or, l'humanisme vidalien intervenant au nom de la « liberté » humaine ne peut se comprendre, sinon se justifier, que dans l'environnement scientifique et politique du moment. Il s'agissait de réagir contre l'écologie allemande naissante, encore simpliste sur le plan scientifique et surtout chargée de sous-entendus ethniques et politiques (où l'on devine certaines des bases « scientifiques » du racisme nazi). Si Vidal de La Blache a combattu le déterminisme écologique de Haeckel, il n'a jamais jeté les bases d'une théorie contradictoire. Il a simplement, à l'aide d'exemples précis, montré que les grandes civilisations, passées ou actuelles, se développent indépendamment des milieux naturels où elles éclosent mais en utilisent les éléments naturels. A notre connaissance, il n'a jamais évoqué l'attitude « possibiliste » en tant que telle. Le schéma possibiliste a été vulgarisé par L. Febvre, écho sonore amplifiant - mais aussi déformant - de la pensée vidalienne. On ne soulignera jamais assez l'impact de L. Febvre sur le mouvement historique français, en particulier dans ses rapports avec l'école géographique française. Il a débloqué une situation et permis d'insérer, à bon compte, le facteur géographique dans l'analyse historique. Certes, pendant un demi-siècle, le « possibilisme » (ou du moins l'attitude qui y correspond) semble avoir fait ses preuves dans la mesure où il constitue l'une des pierres angulaires de l'interprétation historique et aussi géographique. Dans les grandes thèses de géographie régionale de la première partie du xxe siècle, l'analyse des rapports entre les sociétés humaines et les conditions naturelles est conduite avec beaucoup de logique à l'intérieur de ce système de pensée qui permet toutes les nuances. [50]

Ce sont justement ces nuances qui marquent les limites scientifiques du possibilisme. Il s'agit en effet de l'application « littéraire » d'un principe philosophique vague, sorte d'attitude d'esprit dont l'humanisme a priori sert en quelque sorte de caution morale. De la prise de position non formalisée de Vidal de La Blache contre une théorie débile et dangereuse, les historiens sont passés à une sorte de position de principe peu réfléchie et lourdement frappée d'apriorisme que l'on peut considérer, avec un certain recul, comme une fuite élégante devant les responsabilités. Le possibilisme tel qu'on le pratique n'est plus pour l'historien ou le géographe qu'une façon d'éluder le problème des relations entre les sociétés humaines et les milieux dits naturels. Les inconvénients sont d'une exceptionnelle gravité :

• tout d'abord, le possibilisme n'est pas autre chose que la forme « scientifique » du laxisme. Par exemple, on affirmera, d'un côté, que la « polyculture aquitaine est une garantie contre les incertitudes du climat », de l'autre, que les cultures fruitières de la vallée du Rhône n'ont pu se développer que grâce à la mise en place du réseau de chemins de fer. Ces affirmations contradictoires dans leur principe ne sont pas fausses, mais elles ne sont pas exactes non plus : elles sont indifférentes, car elles posent chaque problème écologique à un niveau différent, ce qui permet de retenir l'hypothèse que l'on souhaite, consciemment ou non. La prise en compte du facteur écologique, par son manque de rigueur, est devenue comme facultative et marginale: on la confie au géographe qui n'est souvent pas mieux armé pour trancher le débat ;

• surtout, l'erreur fondamentale a été de confondre les niveaux de résolution et d'appliquer directement un principe quasi métaphysique à l'analyse d'un cas historique, borné par définition dans le temps et dans l'espace : le « possibilisme » ne se discute pas de la même manière à l'échelle de l'espèce humaine et à l'échelle d'une communauté villageoise du xie siècle ! Ce qui démontre bien que le « possibilisme » n'a jamais été considéré par personne comme une théorie scientifique. Il n'en est pas de même du déterminisme naturel. [51]


Plus récemment, Marie-Claire Robic, à l'occasion d'un cours du CNED (2001) intitulé « À propos de « possibilisme » et de « déterminisme » : modalités et variantes de l’explication géographique classique », a montré (si je la lis correctement) que ce que l'on appelle actuellement « possibilisme » recouvre en fait une très grande variété de régimes causaux chez les classiques. On pourrait rajouter que le "possibilism" est une invention américaine des années 1930, reprenant la polémique déclenchée par Lucien Febvre dans La terre et l'évolution humaine (1922) dans un tout autre contexte. Celui-ci avait écrit (p. 33) : «Ne nous demandons pas si, dans le bloc des idées géographiques, il n’y a pas, réellement, de fissures et si l’on peut suivre à la fois, avec la même sécurité paisible, les "déterministes" à la Ratzel et ce que l’on pourrait appeler, peut-être, les "possibilistes" à la Vidal.» Le néologisme, qui n'existait qu'en une occurrence, sous forme d'adjectif, chez l'historien français, devient un substantif chez les Américains et un descripteur de posture. La topique déterminisme/possibilisme trouve un sens nouveau chez des auteurs américains des années 1930 (Carl Sauer, Robert Burnett Hall, Harry Estil Moore). Elle fait retour sous cette forme en France après-guerre, et trouve une cristallisation systématique dans l'Essai sur l'évolution de la géographie humaine (1963) de Paul Claval. De là date certainement la vulgate, sous sa forme française. Elle n'a fait dès lors que prendre de la surface (sociale), lors même que Vidal et consorts étaient morts et enterrés, et parfois depuis longtemps. On pourra toujours me rétorquer que c'est notre droit le plus strict de coller aux défunts des étiquettes. Je suis entièrement d'accord. Le hic, c'est que précisément ça ne marche pas, ni pour Vidal, ni pour d'autres vidaliens notoires. Les opérateurs descriptifs qui correspondent au label possibiliste sont un contresens par rapport à ce que pensaient la plupart des vidaliens. C'est ce que je voudrais essayer de montrer.

L'article « La géographie humaine. Ses rapports avec la géographie de la vie », publié par Vidal de la Blache dans la Revue de synthèse en 1903 me servira de premier appui pour étayer mon argumentaire. Il s'agit d'un article doctrinal très important, publié dans l'une des principales revues savantes de l'époque, où se croisaient historiens et philosophes. Il s'agissait de donner substance à un syntagme encore rare, «géographie humaine», et d'accréditer l'idée d'un fécond domaine de recherche. Deux « paragraphes » (au sens classique) sont particulièrement importants: le II, qui explique ce que doit être la géographie humaine et les précédents méthodologiques sur lesquels elle peut s'appuyer ; le V, juste avant la conclusion et intitulé «oecologie», qui positionne la géographie humaine parmi les sciences et opère une discussion sur «l'étude des influences que le milieu ambiant exerce sur l'homme au physique et au moral».

A vrai dire, les deux passages mettent en discussion ce thème. Dans le II, Vidal se sert des acquis des géographies botanique et zoologique pour dessiner ce que serait une géographie humaine : étude des « faits généraux de répartition » qui recherche des « causes » susceptibles d'expliquer l'inégal peuplement de la terre. Et l'auteur d'affirmer : « Les conditions qui ont présidé à la répartition de l'espèce humaine, à la composition des principaux groupes, à leur adaptation aux différents milieux, sont analogues à celles que révèlent les flores et les faunes. » A ce stade de son argumentaire, Vidal est indéniablement dans une posture naturaliste, c'est-à-dire qui pose la légitimité d'expliquer des phénomènes humains par des causalités « naturelles ». Pour le coup, on pourrait dire qu'il est parfaitement « déterministe » ou plus exactement environnementaliste, comme on dirait maintenant. Au reste, il développe par la suite une thèse qui articule le niveau de développement des sociétés avec la richesse floristique et faunistique de leur environnement:

Dans l'effort rétrospectif qui s'impose ainsi, comme il s'impose à l'étude géographique des animaux et des plantes, c'est toujours à des faits biologiques que l'attention est ramenée. Si l'activité humaine a pu renouveler en partie la physionomie de la terre, c'est grâce à la composition déjà très variée du monde vivant, qu'avait engendrée une immense évolution antérieure. C'est de la variété éparse autour d'elle que s'est fortifiée l'intelligence humaine. Un patrimoine lentement accumulé lui a fourni la matière et servi de stimulant. Partout, en effet, où il reste possible de suivre sur place la marche de civilisations indigènes, on voit un rapport entre les conditions locales de la vie et le degré de développement que ces sociétés ont atteint.

Peu importe ici que cette thèse soit complètement réfutable et réfutée. Ce qui importe est ailleurs, en ce sens qu'elle nous montre deux choses essentielles : Vidal était environnementaliste en gros et, à la différence de ses épigones, ce ne sont pas le climat ou le relief qu'il retenait comme facteurs décisifs, mais ce que l'on pourrait appeler le « capital biologique » d'un milieu. On est loin des stéréotypes. Peu après, afin de bien se faire comprendre, il en rajoute une louche:

L'œuvre géographique de l'homme est essentiellement biologique dans ses procédés comme dans ses résultats. De vieilles habitudes de langage nous font souvent considérer la nature et l'homme comme deux termes opposés, deux adversaires en duel. L'homme cependant, n'est pas « comme un empire dans un empire » ; il fait partie de la création vivante, il en est le collaborateur le plus actif. Il n'agit sur la nature qu'en elle et par elle. C'est en entrant dans la lice de la concurrence des êtres, en prenant parti, qu'il assure ses desseins.

L'hypothèse du « possibilisme » implique de penser les catégories « nature » et « homme » comme deux ensembles distincts. Or c'est précisement ce que Vidal récuse ici ! On notera la touche de darwinisme stéréotypé et la métaphore anthropomorphique (ou plutôt sociomorphique) qui peuvent nous sembler un peu étranges aujourd'hui. Il n'empêche : le cadre de pensée vidalien est ici foncièrement environnementaliste, même si l'auteur apporte quelques correctifs par la suite, par des exemple qui confortent la phrase célèbre : «Son intervention (celle de l'homme) consiste à ouvrir la porte à de nouvelles combinaisons de la nature vivante.» Mais après avoir évoqué ces transformations humaines, qui ne diffèrent des transformations végétales ou animales que par leur ampleur et leur intensité, il en revient au fait que « cette œuvre terrestre de l'homme rencontre ses limites » en de nombreux secteurs peu hospitaliers.

La partie V reprend la réflexion au même point, mais pour lui donner une dimension nouvelle, d'autant que Vidal s'est montré prudent à plusieurs reprises, invoquant la « délicatesse » de ce sujet. S'il semble confirmer ce qu'il avait dit auparavant, le recentrage de la question «oecologique» sur un « milieu » donné génère un curieux système de concession:

Que l'homme n'échappe point à l'influence du milieu local, que lui-même dans sa constitution physique et morale, que les œuvres qui sortent de ses mains contractent une empreinte particulière en conformité avec le sol, le climat, les êtres vivants qui l'entourent : rien de plus généralement et de plus anciennement admis. Telle contrée, tels hommes, entend-on dire.

Mais c'est pour nuancer très rapidement : « Il est en vérité très difficile de démêler dans nos grandes sociétés civilisées l'influence du milieu local. » Il moque la « façon trop simple » les « généralisations hâtives », les « comparaisons boiteuses » de l'opinion commune et des Anciens. Face à l'opinion reçue, le savant perce l'armure et se pose en défenseur de la modération argumentaire. Dans un contexte géographique particulier, il en vient même à poser que « aux causes locales s'ajoutent ici une foule d'influences apportées du dehors, qui n'ont pas cessé depuis des siècles d'enrichir le patrimoine des générations, d'y introduire avec de nouveaux besoins le germe d'initiatives nouvelles ». Bref, si en généralité Vidal de la Blache tenait un discours environnementaliste, sur une situation géographique donnée, il va tenir un tout autre discours. « Parmi les correctifs à opposer aux influences locales, il faut tenir grand compte du commerce et de l'esprit d'imitation qu'il suscite. » In situ, le déterminisme environnemental est à corriger, à commencer par la circulation humaine, qui en quelque sorte déjoue les conditions locales. On remarquera que notre auteur fait jouer deux ressorts explicatifs : un économicisme de bon aloi et un sociologisme à mon avis inspiré des thèses de Gabriel Tarde, très à la mode en ces années-là (à travers l'invocation de « l'esprit d'imitation ».)

En définitive, ce qui émerge ici et qui va être développé par la suite, ce n'est pas un discours sur l'aménagement des conditions naturelles, mais une correction qui en quelque sorte déjoue le déterminisme dans les sociétés humaines, ou, si l'on veut bien me passer le néologisme, un indéterminisme, dès lors qu'on examine des milieux humains particuliers, qualifiés peu après par Vidal de « genres de vie ». Par voie de conséquence, la géographie humaine de Vidal n'est en aucun cas « possibiliste » mais déterministe en généralité et indéterministe dans l'étude des cas particuliers. Ceux-ci ne sauraient fournir la trame d'un discours sur les influences de la nature sur l'homme, puisqu'ils ne sont que des modulations dans lesquelles les sociétés déjouent les contraintes environnementales par leur mobilité.

On voit apparaître un autre élément susceptible d'ébrécher la vulgate sur Vidal : ici, on va du général au particulier, et non en sens inverse. Il n'y a rien d'inductiviste dans ce texte. D'ailleurs, le début de la conclusion le confirme : « C'est dans cette alliance intime avec la cartographie, la statistique et l'ethnographie, dans cette vue plus compréhensive de l'ensemble des rapports des peuples, dans cette conception plus géographique de l'humanité, que puisent leurs sources les progrès récents de la science qui nous occupe » (c'est moi qui souligne). Dans d'autres textes, on pourrait trouver des conceptions différentes, voire contraires (Vidal de la Blache n'était pas un « méthodologue » rigide). Il n'empêche que cela nécessite de mettre à jour notre représentation de l'épistémologie vidalienne, fût-elle considérée défaillante.

 

Cette petite manipulation sur un texte avait pour vocation de montrer que le descriptif «possibiliste» ne correspondait pas à la pensée du présumé fondateur de l'école de géographie. Je voudrais ensuite montrer que chez quatre disciples du même, on trouve quatre façons différentes d'aborder la question des régimes de causalité nature/humanité : environnementaliste stricte chez de Martonne, multi-déterministe chez Jules Sion, proto-systémique chez Maximilien Sorre et « febvrienne » (« possibiliste » ?) chez Albert Demangeon.

à reprendre un jour dans une publication ou à refaire entièrement...

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En relisant, en écrivant

Etrange tâche que de transformer un texte déjà écrit en livre. Je suis en plein dans la réécriture du Plain-pied du monde avant sa publication dans la collections Histoire des sciences humaines (HSH) de Claude Blanckaert à L'Harmattan. Après réception de la charte de la collection, je l'ai appliquée à mon texte, qui a "gonflé" de 400 à 600 pages (c'était en décembre dernier). A partir de janvier, j'ai été mobilisé par des activités diverses et c'est seulement maintenant que je me mets véritablement au travail de refonte.
Il n'a jamais été question pour moi de refaire un manuscrit en fonction des évolutions de mon travail depuis 2003, parce que cela déboucherait sur un tout autre texte. En revanche, il faut que je redescende à 400 pages (maxi). Le changement du système de références aide pas mal et dégonfle mon appareil de notes infrapaginales. J'ai réussi aussi à taillader dans les détails. Exit les quelques analyses sur Vidal de la Blache que je m'étais senti obligé de faire. Le chapitre sur de Martonne, déjà publié, n'y sera pas non plus. Pour l'instant, j'en suis à 510. J'ai bon espoir de rentrer dans les clous. Sur une journée de 10 heures, j'arrive à traiter 2/3 de chapitre - et il y en aura 7. Il me reste environ 10 grosses journées de travail, avant de soumettre le résultat à mes deux lectrices préférées, puis à Claude. J'aimerais finir d'ici à la seconde moitié de mai. Y arriverai-je ?
L'introduction a été reprise maintes fois, car c'est d'elle dont bien des lecteurs se sont plaints le plus. Etrange quand on y pense : elle avait été rédigée en deux jours, avec une facilité déconcertante. Sur le moment, je l'avais trouvée très abordable. Plus j'y retourne et plus je réaménage. Il faudra bien arrêter un jour. La conversion en références américaines prend un temps phénoménal, surtout qu'il faut sans cesse naviguer entre la bibliographie et le corps du texte.
En outre le genre (Orain, 2003b : 24) est très laid. Mais quel gain de place ! Et cela renforce la cohérence de la biblio.
Je sais qu'en abordant le chapitre 3 (anciennement 4), "D'une géographie à l'autre : un détour par Thomas Kuhn", il va y avoir de grosses saignées. C'est celui qui stratifie le plus grand nombre de couches d'écriture. C'est sans doute le coeur de tout ce que j'ai fait, mais c'est aussi un amas de bricoles hétéroclites. Je tiens énormément à ce travail, car il est la clé de voute de l'ensemble. Mais à la limite, il pourrait générer un autre livre, donc il va falloir faire attention, couper et ne pas rajouter. Si j'étais courageux, il faudrait aussi que je fabrique un nouveau chapitre avec les deux suivants. Cela voudrait dire trancher dans les analyses littéraires. Or, précisement, cette publication a du sens surtout en tant qu'elle exprime une certaine façon de travailler le corpus géographique.
Je n'ai donc pas trop envie de sabrer cela. Si j'écrivais un ouvrage sur le même sujet maintenant, il aurait sans doute un peu moins cette dimension poéticienne qu'avait ma thèse de 2003. Pour cette raison, j'ai spécialement envie de conserver celle-là. Sur le sujet des régimes (ou styles) épistémologiques, il y aurait tant à redire, à revoir. Les interprétations de textes, elles, ont leur autonomie. D'ailleurs, je m'étais rendu compte d'une chose quand j'essayais de relire des bouts de ma thèse : elle est incompréhensible si on ne fait pas l'effort de lire tous les passages cités, car ils sont plus que des pièces à conviction, ils ont une fonction motrice. Et ils donnent à voir de la géographie française des choses que je ne fais pas l'effort de reprendre. Le commentaire ne saurait être à mes yeux réitération du dit (ou de l'écrit). Par voie de conséquence, bien des choses que je formule supposent d'avoir lu ces extraits. Ce n'était pas délibéré en écrivant l'original, mais c'est devenu une contrainte de lecture forte, en un certain sens gênante.
J'essaie d'enlever les coquetteries et les obscurités du texte soutenu. Ces corrections nécessaires me donnent du courage pour dézinguer les commentaires infrapaginaux. Comme tant de choses deviennent superflues ! Pour ce qui est des phrases byzantines, c'est un plaisir de les casser en 2, 3 ou 4. En temps utile, je reprendrai les observations de Paule Petitier pour porter le coup de grâce à mon caquet.
Autant l'introduction, avec sa structure spiralaire, demeure un cauchemar à relire, autant la suite est comme une sorte de flot dans lequel je me laisse glisser, arrachant aux passages des branches mortes et colmatant des diverticules. Qui, en se relisant, n'a pas retrouvé cette expérience enfantine qui consiste à répéter tant de fois un mot trivial qu'il en devient hermétique ? Pareil avec tous ces paragraphes : ils ont un air de famille, c'est sûr, mais pour peu qu'on n'y prenne garde, on glisse dessus comme sur de la toile cirée.
Je veux un texte aussi lisible que possible. Je n'ai jamais cherché de près ou de loin à "faire compliqué", jamais. Je déteste cette réputation d'écrivant difficile. Je pense que je ne fournirai jamais un produit très immédiat, sans lourdeurs ni moments pénibles. Mais comment faire autrement quand on s'efforce de jouer franc-jeu ? Bien sûr, Thomas Kuhn et Howard Becker sont des exemples, aussi. Mais ce qu'ils font relèvent assez largement de la description épaisse, laquelle n'est pas toujours possible, surtout quand on commente la production d'autrui. Et qui peut prétendre avoir accès à une intelligibilité complète d'un livre comme Outsiders sans un processus d'interprétation a posteriori ? Les textes les plus clairs, les plus limpides en apparence, recèlent toujours des pièges, alors qu'un Pierre Bourdieu, difficile il paraît, me semble infiniment plus immédiat à saisir que Becker ou Goffmann. Le métadiscours alourdit les sciences sociales, les rend techniques, mais il offre un autre régime de clarté, sur le fond de l'argumentaire.
Je ne prétends pas me comparer à ces éminents messieurs. J'avais juste besoin d'exemples partageables. De toutes façons, je reviendrai sur cette question de la clarté, car elle me semble essentielle et pas du tout univoque, comme certains voudraient bien le laisser croire.

 

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Du spatialisme et du pluralisme

Est sorti récemment Penser et faire la géographie sociale, l'un des trois volumes qui feront suite au colloque de Rennes (2004), « Espaces et sociétés aujourd'hui. La géographie sociale dans les sciences sociales et dans l'action ». Je suis loin d'en avoir terminé la lecture et l'objet de ce bulletin n'est pas d'en faire un compte-rendu. En revanche, j'ai été frappé de constater avec quelle virulence certains auteurs s'en prenaient à deux cibles à peu près indistinctes, le "spatialisme" et Roger Brunet. Ce n'est pas la première fois que ce type d'attaque a lieu, mais jusqu'à présent, elles émanaient de gens pour qui je n'avais pas une estime très marquée. Qu'Hérodote publie un numéro qui sonne la cabbale contre « le grand chorémateur » en 1995 ne m'avait pas beaucoup surpris (Les Géographes, la science et l'illusion, n° 74). Que de doctes auteurs de manuels réduisent la « nouvelle géographie » aux chorèmes m'avait déjà beaucoup plus agacé. Mais je m'étais rendu compte que c'était à l'image de l'indigence générale de leur propos. Puis Michel Lussault vint, qui « réinventa » (ou du moins popularisa) le stigmate du spatialisme — qu'on doit sans doute originellement à Manuel Castells —, notamment dans ses articles  « Reconstruire le bureau (pour en finir avec le spatialisme) » ou « Action(s) ! » (tous les deux en 2000).Dans le Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés (2003), il a repris son réquisitoire (p. 864-866) en le condensant. Il semblerait que ces entreprises de disqualification ont fini par diffuser, y compris dans cette géographie sociale que j'aime et respecte.

Nul n'ignore l'extrême importance de l'étiquetage pour faire exister socialement quelque chose de neuf. Dans le monde des idées, l'arrivée d'un nouvel "-isme" indique une tentative de cette sorte. La plupart du temps, il s'agit d'une opération positive, conquérante. Rappelons-nous sur quels fonds baptismaux Auguste Comte accoucha de son positivisme ou Guy Debord du situationnisme... Pourtant, il est rare que l'étiquette perpétue longtemps sa connotation positive. Dans l'univers impitoyable des penseurs, il est rare qu'un -isme quelconque ne voie pas son auréole ternir au bout de dix, vingt ou cinquante ans. Dès lors, le mot si doux devient progressivement une insulte, une marque d'infamie. Dans le monde des sciences sociales d'aujourd'hui, il vaut mieux par exemple ne pas se réclamer du positivisme, car il n'y a rien de plus has been. Il arrive aussi de plus en plus souvent que le -isme soit d'emblée un label igniominieux. Pensons au "relativisme", cette étiquette dégradante co-inventée par les Eglises, les scientifiques et divers autres tenants d'une forme - disons moderne - d'universalisme. Réagissant d'une façon conforme aux analyses d'Howard Becker dans Outsiders, les stigmatisés s'approprient parfois la marque d'infamie et la retournent contre leurs détracteurs. Il est arrivé à des philosophes aussi notoires que Richard Rorty ou Peter Hacker de s'affirmer tels, mais les relativistes avoués ne courrent pas les rues. Maintenant que de surcroît monsieur Nicolas Sarkozy nous a montré que relativisme = mai 1968 = faillite, il y a fort à parier que la Société dans son ensemble fera les gros yeux à tout ce qui rappelle cette vile triade.
Mais revenons au "spatialisme". Sous réserve d'une enquête de plus ample envergure, il me semble que l'on se trouve justement en face d'une étiquette disqualifiante. Il faudrait confronter avec le contexte américain pour voir s'il y a quelque chose d'équivalent et faire une recherche lexicale plus poussée. Dans les années 1970, des sociologues marxistes de l'urbain, autour de Manuel Castells, employaient déjà ce terme (voir à ce sujet La Question urbaine de M. Castells, publié en 1973). Ultérieurement, les géographes ont plutôt parlé de "fétichisme de l'espace", notamment parmi les théoriciens-quantitativistes. Pour le moment, je m'en tiens à l'idée que c'est Michel Lussault qui a donné au vocable une nouvelle jeunesse (quand bien même l'idée était rémanente). Dans quel but ? Comme il l'a lui-même exprimé dans différents textes, le "spatialisme" se caractérise par une analyse de "l'espace" qui n'a pas besoin d'une théorie du social pour fonctionner. En somme, il s'agirait d'une approche morphologique qui ne s'enracinerait pas dans le "sociétal" (terme de l'auteur). Un jour, je mettrai noir sur blanc l'intégralité de ma lecture de "Reconstruire le bureau...". Pour l'instant, je vais me contenter de quelques remarques. Dans ce texte, M. Lussault met dans le même sac géographes classiques et théoriciens-quantitativistes, accusés d'avoir fait la même erreur : étudier l'espace comme une "chose en soi" en négligeant la société, et la nature "sociétale" de la géographie. En définitive, pour employer une autre terminologie, il leur reproche ce qui est typique du positivisme, à savoir la définition d'un ordre de phénomène issu d'un processus de catégorisation, et la recherche de régularités causales strictement à l'intérieur de ce régime phénoménal. Au lieu de quoi, Michel Lussault voudrait que l'on parte d'un autre ordre de phénomène, le "sociétal", et que l'on s'intéresse à la façon dont celui-ci croise ou produit ces autres ordres phénoménaux. Pourquoi pas ? Je suppose de surcroît qu'il ne doit pas aimer la méthodologie du positivisme, ce qui peut parfaitement se concevoir, aussi.

Je tiens à rappeler que cette critique a existé bien avant le sobriquet de « spatialisme », notamment chez deux auteurs francophones assez connus : Jean-Bernard Racine et Jean-Paul Ferrier. Dans son texte-fleuve du Géopoint 76, « La géographie moderne dans la problématique des sciences sociales : des paradigmes de la totalité aux paradigmes critiques. », (Groupe Dupont, Géopoint 76, Théories et géographie, p. 113-170), J.-B. Racine disait déjà la même chose : qu'il fallait à la géographie une théorie sociale préalable afin d'éviter tout « fétichisme de l'espace »... À l'époque, nourri par la lecture de M. Castells, il se demandait d'ailleurs si le marxisme n'était pas cette théorie qu'il fallait à la géographie en amont de son travail sur l'espace. Au reste, d'autres nouveaux géographes avaient à coeur d'éviter de traiter l'espace comme un préalable, notamment Franck Auriac, qui refusait de parler de « système spatial » et préférait l'expression « système spatialisé ». Il ne s'agissait pas d'une querelle d'arrière-garde, mais d'un point de division au sein même de la géographie théorique et quantitative. Le mot d'ordre de l'époque était de revendiquer d'une manière générale des théories préalables, contre la « vieille géographie » implicite et inductive. À ce titre, l'amalgame entre l'école vidalienne — qui ne parlait même pas d'espace — et les courants issus des années 1970, me semble passablement gênant. Quant à Jean-Paul Ferrier, il réclamait dans ces mêmes années que la géographie se fasse « critique » au service du bonheur des hommes en société. Cela impliquait de partir du « référentiel habitant », ce qui est une autre façon de refuser le positivisme. Légèrement plus tard, on a retrouvé des réticences assez comparables chez Bernard Kayser et ses élèves, et dans la géographie sociale de l'Ouest : la géographie « quantitative » était suspecte de « perdre le social », c'est-à-dire, en définitive, de ne rien pouvoir dire sur notre monde, sur les luttes qui le traversent.

Qu'est-ce que je retiens de tout cela ?

Je retiens que de nombreux géographes veulent d'abord et avant tout être des praticiens des sciences sociales et dire des choses sur les problèmes de nos sociétés contemporaines. Je comprends parfaitement cette position et je la respecte totalement. Je ne suis pas de ceux qui s'offusquent à propos de tel ou telle, sous prétexte qu'il (ou elle) ne serait "pas suffisament géographe". Si je devais retravailler sur la Russie d'aujourd'hui, il est absolument clair à mes yeux que mon raisonnement partirait d'une réflexion sur les mécanismes sociaux à l'oeuvre là-bas (à commencer par le localisme, comme réflexe de socialisation et pensée de la Russie et du monde). Par voie de conséquence, je n'ai absolument aucun problème avec cette façon d'aborder la géographie, qui va du social au territorial.
En revanche, j'aimerais rappeler à tous ceux qui l'ont oublié qu'il n'existe pas une mais plusieurs théories du social. Si la sociologie et l'anthropologie étaient des domaines unifiés et cumulatifs, cela se saurait. J'aimerais que l'on m'explique comment on pourrait partir d'une théorie du social pour faire de la géographie... Je ne suis pas convaincu que l'on puisse mixer dans un shaker du Boudon, du Bourdieu, du Boltanski et du Baudelot (pour m'arrêter à la lettre "B"). Je ne suis pas non plus certain que pour entreprendre une bonne action l'actionnisme soit compatible avec l'interactionnisme... Prétendre que l'on va édifier une théorie du social avant de faire de la géographie est une chimère. Plus raisonnablement, il me semble en revanche nécessaire d'expliciter les références théoriques issues des sciences sociales que l'on peut mobiliser a priori, ou ad hoc... L'ennui, aussi, avec ces maniements nécessaires, est leur finalité. Autant je défendrai toujours quelqu'un qui hybride des choses et avance dans l'inconnu avec la canne de son appareil théorique, autant je déteste les actes d'allégeance sans effet opératoire. A quoi bon se revendiquer de Bourdieu ou de Goffmann ou de Latour si l'on n'en fait rien ? A quoi bon faire du name dropping quand il s'agit seulement de masquer l'indigence de ce que l'on a à dire? Une esthétique du "coup permanent", héritée du monde de l'art, est en train d'empoisonner les sciences de l'homme : il faut toujours avoir un coup théorique d'avance, des références plus in, de l'audace dans l'inventivité et la métaphoricité...
Pour en revenir à nos moutons géographiques, une fois admis que nous n'inventerons pas de big theory du social pour régler à l'avance l'activité de la discipline, il est aussi une autre question à se poser : est-ce que dans les autres sciences de l'homme et de la société, il est toujours nécessaire d'en passer par une théorie préalable du social ? Que font nos collègues linguistes, socio-linguistes, économistes, politistes, historiens, psychologues, archéologues, juristes, etc. ? Parfois, effectivement, ils ont une théorie du social préalable (ou plusieurs). Mais pas toujours, loin s'en faut. Ils peuvent aussi en bricoler une a posteriori, voir refuser catégoriquement de traiter de leurs problèmes avec ce genre de préalable. Jusqu'à preuve du contraire, on parle certes d'économisme, mais peu d'archéologisme ou de linguisticisme...
Pourquoi refuser à certains géographes d'entrer par autre chose que le "social" des sociologues dans leur travail alors qu'on le conçoit pour d'autres ? Pourquoi tant de haine pour les "spatialistes" ? Ne pourrait-on pas tolérer que tous les géographes ne suivent pas les mêmes voies et ne pas faire montre d'une intolérance qui parfois devient franchement pénible ? Personnellement, je nourris une aversion marquée pour tous les doctrinaires-programmatiques, surtout quand ils se gardent bien de montrer ce que leur doctrine-programme pourrait apporter comme supplément d'intelligibilité à notre monde...
En outre, chez la plupart des contempteurs du "spatialisme", on ne sait pas trop ce qui est mis derrière le mot "espace". Il s'agit la plupart du temps d'un a priori, d'une "forme vide". Cela permet de rabattre sur le même plan la nature ou les paysages des vidaliens et l'espace des travaux des années 1970-1980, alors qu'on a affaire à des objets et à des paradigmes radicalement incommensurables. Lorsque j'ai travaillé sur la production des années 1960, je m'étais rendu compte que ce mot "espace" y faisait certes une entrée fracassante, mais qu'il n'y avait aucune sémantique derrière. Le mot reprenait les termes anciens comme "milieu", "région", "paysage", rajoutait d'autres significations, mais 1°) rien n'était jamais explicité et 2°) la multiplicité des acceptions rendait improbable d'assigner une stabilité sémantique au terme. J'en suis venu à la conclusion qu'espace désignait alors "tout objet qu'étudie la géographie", que c'était donc d'abord et avant tout un déictique disciplinaire (un truc qui fait "dring ! attention : géographie !").
Force est de constater que les contempteurs du spatialisme en sont encore là et que leur "espace" est tout aussi vide de sens que chez Pierre George, Jacqueline Beaujeu-Garnier ou le Olivier Dollfus d'avant la Géographie universelle Belin-Reclus. Pourtant, entre temps, des penseurs forts ont essayé de préciser une théorie de l'espace géographique. Ils avaient pour nom Peter Haggett, Philippe Pinchemel, Georges Nicolas, Henri Reymond, Roger Brunet. Ils ont laissé des publications importantes, qui visaient précisement à indurer une sémantique d'espace afin de pouvoir travailler sur la spatialité des sociétés. On peut leur reprocher parfois d'avoir trop pensé l'espace indépendamment d'une théorie du social spécifique, mais leur projet était ailleurs. D'autres ont plus précisément travaillé à éviter toute réification de l'espace en analyse spatiale, comme Franck Auriac et Michel Vigouroux. Quand Roger Brunet a fait son travail sur l'antimonde du Goulag, avec les données de l'époque, il ouvrait des perspectives d'interprétation socio-économique du phénomène qui étaient tout à fait conséquentes. Par ailleurs, quel lecteur sérieux osera prétendre que la théorie évolutive des villes qu'échafaude Denise Pumain depuis 20 ans est dénuée de la moindre portée socio-anthropologique ? Il faudrait arrêter de dire des sottises. Dans une relation qui se voudrait explicative entre les pôles "espace" et "société", à quoi bon réclamer du sens pour l'un en négligeant l'autre ?
Bien entendu, il existe dans l'analyse spatiale actuelle des tendances formalistes ou "formistes", qui oublient de penser la signification sociale de théories spatiales. J'ai pu observer ce travers chez certains chercheurs lors du Géopoint 2002, La forme en géographie. Pour certains, avoir prouvé la fractalité de tel ou tel phénomène est suffisant, notamment s'il est "naturel". D'autres se complaisent dans les analyses factorielles presse-bouton ou les "systèmes multi-agents" comme on a pu adorer les surfaces d'aplanissement ou la télédétection il y a 30 ans. Je confesse que je n'aime pas plus ce formisme qui tourne à vide que la posture anti-spatialiste. Pour que l'analyse spatiale soit féconde, si elle ne part pas d'une théorie du social, il faut en revanche que ses résultats aient un feed-back pour la société et que l'on puisse donner un sens social à ses résultats.
Rien n'empêche que d'autres fassent autre chose. D'ailleurs, les démarches quantitativistes ne sont jamais devenues majoritaires en France. La cohabitation est le régime de facto de la recherche en géographie. Mon souhait serait que tous les étudiants reçoivent une culture qui leur permette à la fois de connaître l'ensemble des façons de faire de la géographie et d'opérer une évaluation critico-épistémologique de tout type de travail dans notre domaine. Par ailleurs, je pense qu'il y a d'autres intersections pour la géographie que la seule sociologie. Pour une géographie du pouvoir de Claude Raffestin est un livre qui possède indubitablement une grille problématique préalable, foucaldo-marxiste pour faire vite. En ce sens, ce n'est pas une théorie sociologique, plutôt une architecture politiste, avec des soubassements économiques. Il a essayé sur cette base de refonder une géographie politique cohérente. Devra-t-on lui reprocher l'absence d'une big theory de la société ? Au nom de quel dogmatisme nouveau genre ?
Bref : que l'on parte d'une théorie extra-géographique ou d'une démarche spatialiste, l'important demeurera toujours de clarifier ce que l'on veut faire et depuis quelle position l'on parle. Et l'on devra justifier, si l'on veut une géographie - science sociale, de l'intérêt (cognitif, pratique, tribunicien, etc.) pour la société de ce que l'on a avancé. N'oublions pas que certains de nos collègues se positionnent comme des naturalistes et que certains peuvent être déconnectés des débats sociologiques. A ce titre, il n'y a qu'en donnant une robuste culture en sciences sociales à nos étudiants que nous pourrions éviter l'ingénuité. Ce n'est pas en manipulant des SIG ou en faisant de la télédétection ou de la cartographie assistée par ordinateur que l'on peut apprendre à penser l'espace produit par les sociétés.

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la génétique n'explique pas les comportements humains

Après les propos tenus par Nicolas Sarkozy dans Philosophie magazine lors de la campagne présidentielle, on a vu ressurgir une polémique sur l'inné et l'acquis, formulée dans des termes qui me semblent complètement simplistes. Je ne souhaite pas revenir sur les incohérences de la posture de celui qui était déjà donné alors comme futur président (sic), car d'autres l'ont fait, et bien, comme Eric Fassin dans Le Monde. En revanche, pour des raisons diverses, je voudrais pointer quelques problèmes soulevés par l'interprétation qui a été faite de plusieurs phrases dudit candidat à l'époque, auquel - je tiens à le préciser d'emblée - je n'ai pas donné ma voix, tant je le considère comme une catastrophe pour la société française.

"J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologiqué héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense."

Au-delà de la pédophilie et des tendances suicidaires, de nombreux problèmes de société pourraient tomber sous le coup de ce type de discours : l'obésité, la schizophrénie, l'incivisme, la violence, etc. Tout le monde a hurlé devant cette posture naturaliste. Ce faisant, on associait au naturel ou à l'inné (ce serait la même chose) un caractère de contrainte entièrement opposable à l'idée de liberté humaine. Grosso modo, on passait de l'opposition inné/acquis à subi/voulu ou contraint/non contraint. Pourtant, il s'agit à mes yeux d'une confusion regrettable. En outre on a pu avoir l'impression que l'inné était de droite et l'acquis de gauche... encore une confusion, liée à la précédente, mais qui en plus frise le ridicule. C'était sans doute vrai aux Etats-Unis dans les années 1920, quand régnait un darwinisme adorné de l'adjectif "social". Cela n'a plus aucun sens aujourd'hui.
Je vais commencer par l'argumentaire sur lequel je me sens le moins à l'aise, mais pour lequel j'ai lu deux-trois bricoles. La génétique est une aide précieuse pour comprendre un certain nombre de processus biologiques, y compris parfois dans leur expression chez un individu. Pourtant, les choses se compliquent immédiatement, quand plusieurs gènes sont impliqués ou quand on prend en compte l'expression (ou non) de tel ou tel gène. En effet, il est déjà terriblement difficile (et long) de prouver qu'un codage d'une séquence d'ADN ou d'ARN est lié à l'expression d'une pathologie biologique. En cancérologie, on commence à peine à faire des découvertes en la matière, sur le sarcome d'Ewing, qui ferait partie des maladies orphelines s'il n'avait pas l'avantage de la simplicité... "génique". Dans bien d'autres cas, il n'y a pas une séquence en cause, mais plusieurs, du moins le suppose-t-on, tant l'administration de la preuve devient compliquée. Par ailleurs, s'agissant de l'ADN d'un individu particulier, on sait que la présence de tel ou tel gène n'implique pas forcément son expression. Les travaux du Dr Yoav Gilad (Nature, 9 mars 2006) tendent à montrer qu'il y a une différencialité intrinsèque dans l'expression d'un gène, celle-ci étant influencée par des facteurs environnementaux... Au secours, Lamarck revient !
En tout cas, quand on passe de processus biologiques à des comportements humains, la gageure devient véritablement redoutable. En effet, un comportement n'est pas intrinséquement un processus biologique. Il requiert dans la majorité des cas une interprétation qui fait écran entre le biologique et le comportemental, si tant est que l'on veuille donner une signification médicale ou biologique à un comportement. Le fait de se gratter l'oreille ou de cligner des yeux a l'avantage d'être un signe simple. Il en va autrement quand on parle de tempérament suicidaire, d'obésité, de "maniaquerie", etc. Les régimes cliniques sont nombreux pour interpréter les comportements, depuis la vox populi, qui n'est pas monolithique, jusqu'aux cliniques savantes (psychiatries, sociologies, etc.). Ian Hacking a souligné, après les sociologues de Chicago, combien de surcroît l'interprétation rétroagissait sur l'interprété. En outre, il a admirablement montré à quel point les cliniques psychiatriques n'avaient cessé de varier depuis un siècle, manifestant une instabilité redoutable des catégories... Par voie de conséquence, j'ai le soupçon que l'origine génétique d'un comportement est proprement inscrutable (pour pasticher Quine).
Cela liquide-t-il pour autant toute explication naturaliste ou "innéiste" ? Certainement pas, mais sans vulgate pan-génétique derrière. Et faut-il refuser la naturalisation au prétexte qu'elle serait contraire à la liberté humaine ? La seule raison de la refuser serait à mon avis parce qu'elle serait tout bonnement impossible à établir, à démontrer ou à réfuter. Refuse-t-on d'expliquer des caractéristiques non comportementales par la biologie ? Non, car un pied bot, un diabète, ça se traite... Dès lors qu'il s'agit de comportements, cela devient plus compliqué. Néanmoins, quand des médecins ont commencé à affirmer qu'il y avait du biologique dans l'autisme et dans certaines formes de schizophrénie, ils ont soulagé des millions de parents qu'on avait accusés d'être responsables des souffrances de leurs enfants. Pour autant, je ne suis pas compétent pour dire si l'on soigne mieux aujourd'hui un enfant déclaré "autiste" ou un jeune homme "schizophrène" avec des pilules qu'avec des procédures psychothérapeutiques. La seule chose qui me semble certaine est que cet enfant ou cet adolescent subissent une contrainte dont on peut difficilement estimer qu'ils l'ont choisie, et peu importe sur le fond de résoudre la question - métaphysique - de son origine, naturelle ou environnementale, si on ne peut pas desserrer cette contrainte.
Car l'avantage des problèmes "biologisables" sur ceux qui ne le sont pas, c'est qu'on arrive assez souvent (mais pas tout le temps) à trouver des traitements. Bref, ce qui est "naturel" est plus facilement corrigeable ou réversible que ce qui ne l'est pas ! On rectifie les pieds bots, on fait des implants sur des têtes de chauves, on arrive à soulager certaines psychoses grâce à la chimie. A contrario, combien de choses non biologisables sont absolument incurables : la mauvaise foi, la cupidité, un goût pour les apéritifs sucrés... Toute blague à part, je me demande si les comportements strictement "environnementaux" ou acquis ne sont pas tout aussi contraignants que ceux qui pourraient être biologiques. En faisant l'hypothèse que l'alcoolisme ou la consommation de tabac n'ont rien à voir ab initio avec la biologie d'un individu (hypothèse raisonnable), il n'empêche que ce sont des comportements redoutables, dont il est extrêmement difficile de se débarrasser, et qui de surcroît se biologisent à travers les effets d'accoutumance. Le culturel se naturalise, en quelque sorte, pour utiliser des grands mots sous la forme d'un pied de nez.
S'agissant du tempérament suicidaire, de l'obésité ou d'autres problèmes mettant en danger la vie d'une personne, il me paraît évident que pouvoir les biologiser avec succès, c'est-à-dire les "soigner" ou les "contenir" serait une bénédiction pour les personnes qui en souffrent. Je crains malheureusement que cela ne suffise pas, de même que la prise en charge médicale du tabagisme ne l'a pas fait disparaître, ni le cortège de cancers qui vont avec... En revanche, dans de nombreux cas, la biologisation a eu un effet moral indéniable : les explications par l'environnement ou la responsabilité individuelle ont un effet stigmatisant, direct ou indirect, ce qui n'est pas le cas quand on mobilise la médecine. J'ai déjà évoqué le cas de l'autisme. Il est assez évident qu'expliquer les tendances suicidaires d'une personne par l'inné devrait déculpabiliser son entourage familial. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? On dit que la droite américaine est "naturaliste". C'est faux ! Outre qu'elle veut chasser la théorie darwinienne des écoles, elle affirme que les homosexuels et les transexuels ont choisi d'avoir "a lifestyle", souvent sous influence, et que l'on peut les débarrasser de leur mauvaise habitude. Il existe là-bas de nombreux centres de réhabilitation, sur le modèle des alcooliques anonymes, où l'on entreprend de les réadapter... D'après des études récentes, ce sont surtout des hauts lieux de mutilation de la personnalité. Ce sont les mouvements de défense des gays et la gauche du parti démocrate qui défendent le caractère naturel (ou inné) de l'homosexualité. De fait, quand monsieur Sarkozy dit qu'il est "né hétérosexuel", il tient un discours que l'on dirait de gauche aux Etats-Unis, mais qui fait hurler en France. Franchement, il n'y a pas de quoi. C'est juste un peu idiot. On dirait qu'il veut faire la nique aux héritiers de Simone de Beauvoir, qui affirmait qu'on ne naissait pas femme, mais qu'on le devenait...
Sur le sujet ô combien épineux de la pédophilie, en revanche, il a carrément dit des bêtises. Il est notoire que nombre de pédophiles sont d'anciens enfants abusés : il y a là quelque chose de totalement non-biologique et de profondément événementiel. Dire que l'on naît pédophile n'a aucun sens, au minimum pour ces pédophiles-là. Par ailleurs, il me semble que la seule question qui vaille la peine est celle des agissements : ce qui rend la pédophilie dangereuse, c'est le passage à l'acte, action sur des enfants ou achat de matériel pédophile. Savoir si c'est inné ou acquis n'a pas d'importance, alors qu'il faudrait pouvoir dire si c'est une contrainte dont on peut, d'une manière ou d'une autre, se débarrasser. Le pédophile est-il en mesure de se retenir ? Encore faudrait-il qu'il s'identifie lui-même comme ça. Dans nos sociétés où il incarne la figure du monstre absolu, il y a fort à parier que c'est rarement le cas. Qui se dépeindrait spontanément en Dutroux ? Un traitement "biologique" de la pédophilie est impossible, car elle se focaliserait forcément sur ceux qui sont passés à l'acte et ont été dénoncés, parmi lesquels une forte proportion d'ex-enfants abusés, qu'on peut mettre sous camisole chimico-hormonale (c'est déjà un peu le cas), mais dont je suis prêt à parier qu'ils n'ont aucun gêne commun...
Même si l'on oublie que c'était idiot, la position de notre vibrionnant candidat n'en demeure pas moins très éloignée sur ce sujet de celles de la droite et de l'église catholique, si on lit ce discours biologisant comme une manière de disculper les pédophiles d'avoir fait un choix délibéré. Quid, si le pédophile virtuel, à la manière de l'alcoolique ou du fumeur, pouvait se déclarer afin d'être pris en charge sans subir de stigmatisation sociale ? C'est exactement le contraire qui est en train de se passer. Mais notre lumineux candidat veut peut-être créer un fichier des enfants abusés sexuellement, afin de les surveiller à l’âge adulte, voire leur attribuer un bracelet identificateur et leur interdire toute profession en contact avec des enfants ? Déjà, il veut faire dépister les apprentis sauvageons dans les crèches... Après tout, dans nos sociétés prudencielles, ce serait sans doute une efficace prophyllaxie !
 
On en revient finalement toujours au problème des systèmes de catégorisation, à leurs effets parfois stigmatisants, souvent rétroactifs, et indiscutablement patauds. On a besoin d'eux, mais il faudrait arrêter de les fétichiser. Finalement, la bonne vieille méfiance des positivistes pour les classifications, auxquelles ils ne prêtaient aucune valeur intrinsèque, me semble une attitude assez saine. Sans cesse réinterroger nos catégories et les remettre sur le métier.
Les adolescents suicidaires, par exemple. On a besoin du syntagme, parce que lutter contre le suicide d'adolescents est peut-être (sans doute) une cause qui en vaut la peine. Il y a un intérêt programmatique à conserver cette catégorie. Mais il est tout aussi important d'éviter d'en rester là, notamment en recherchant la "cause essentielle" qui très certainement n'existe pas. La seule posture raisonnable consiste à ne rien négliger, facteurs environnementaux, psychologiques, sociaux, événementiels, et, pourquoi pas, biochimiques... D'un autre côté, par quel protocole de recherche pourrait-on traiter de ce sujet là "en gros" ? Et sur quelle cohorte ? Ceux qui sont morts ? Les survivants ? Qu'est-ce qu'une tentative de suicide ? la volonté de se donner la mort ? un geste à la con sans conscience de ses conséquences ? un appel à l'aide ? J'ai pris délibérément des régimes explicatifs simplets car déjà à ce stade ils dessinent des configurations très compliquées... La seule chose qui m'importe est de montrer que dans cette affaire, la distinction inné/acquis est un faux débat, qui plus est racorni.
Dernier aspect que je voudrais évoquer dans mon plaidoyer, en me situant explicitement dans la filiation de Simone de Beauvoir et de Michel Foucault : quel que soit le "donné" initial, qu'il soit inné (être une femme) ou environnemental (être un enfant ayant grandi dans une famille d'ouvriers) ou acquis (avoir développé une compétence dans l'interprétation de la pensée des autres) ou actuellement inscrutable (se sentir homme dans un corps de femme), la seule chose qui importe est la "construction de soi", trajectoire faite d'itérations et d'interactions, de verbalisations et de dénis, de socialisations et de replis. Ceci n'est certainement pas du "naturel", comporte de fortes contraintes structurelles - dont l'oubli actuel est agaçant -, mais aussi des marges de manoeuvre. C'est là que le candidat de la droite me gêne le plus : par son fatalisme, comme si nos vies étaient programmées à l'avance et ne pouvaient pas se renégocier.

 

Pour conclure, ce qui m'a géné dans toute cette polémique, c'est qu'elle s'est arc-boutée sur des distinctions confuses, des associations de sens douteuses et des procès hatifs. En matière de comportement, il me semble qu'il y a deux critères décisifs : leur caractère plus ou moins contraignant et plus ou moins nocif (pour autrui et pour soi). Dans les deux cas, on a affaire à des gradients et non à des dualismes. En outre, la contrainte et la nocivité peuvent être plus ou moins universelles. Dans une société qui ne considérerait pas qu'il importe coûte que coûte de vivre le plus longtemps possible, selon quels critères l'obésité pourrait-elle apparaître comme nocive ? Qu'on ne se méprenne pas : je ne cherche en aucun cas à prôner un relativisme moral absolu. Je cherche simplement à rappeler que nous sommes toujours inscrits dans un certain contexte. Cela ne m'empêche pas de considérer certaines règles comme devant à terme devenir universelles. Cela fait une décennie que je soutiens Amnesty international, Aides et Médecins sans frontières. Cela donnera une idée des valeurs qui me semblent universelles.

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Olivier Orain : curriculum vitae 2

Le CV en bonne et due forme est ici

 

Activités de recherche

Principaux centres d’intérêt en recherche

1 Épistémologie et histoire des sciences humaines (et de la géographie au premier chef)
2 Historiographie de Mai 1968 (et de ses « effets » supposés dans le champ scientifique)
3 Géographie théorique (analyse spatiale et théorie des systèmes)
4 Histoire culturelle de la Russie (XIXe – XXe siècles) et questions historiographiques afférentes

Collaborations
* Membre de l’équipe de recherche E.H.GO (Épistémologie et histoire de la géographie, directeur : Jean-Marc BESSE), composante du laboratoire Géographie-cités (U.M.R. 8504), depuis 1992.
* Co-directeur avec Wolf Feuerhahn de la Revue d’histoire des sciences humaines (RHSH) depuis décembre 2013.
* Co-directeur avec Catherine Rhein de l’Espace géographique depuis septembre 2016 (correspondant de décembre 2006 à mars 2008, au comité de rédaction de 2008 à 2010, directeur adjoint entre 2010 et 2016).

* Co-directeur de l'équipe EHGO avec Nicolas Verdier depuis mars 2018
* Membre du comité de lecture de l’encyclopédie électronique en ligne Hypergéo depuis septembre 2010.

* Membre du comité éditorial des publications de la Sorbonne depuis mai 2014.

* Membre du comité éditorial pour la refonte du dictionnaire Les Mots de la géographie (dirigé par Céline Rozenblat) depuis juillet 2012.

* Élu au conseil d’administration de la Société Française pour l’Histoire des Sciences de l’Homme (S.F.H.S.H.) entre décembre 2007 et mai 2014, secrétaire en 2011-2014.

Organisation de colloques internationaux

Responsable du groupe français à la conférence trilatérale de la villa Vigoni « Régimes de pouvoir global. La réception géo- et biopolitique des travaux de Friedrich Ratzel à propos d’une théorie de l’espace, en Europe du 20ème et 21ème siècle », dir. Ulrike Jureit, 2019-2022.

Animation de la recherche  :
* Responsable du Groupe de recherches sur les épistémologies de la géographie contemporaine (GREGc), composante de l’équipe E.H.GO, depuis décembre 2007.

* Responsable avec Muriel Rosemberg et Pascal Clerc du séminaire Les écritures du géographique

Organisation de colloque et journée d'étude :
* Avec Christian Grataloup : Journée d'étude de l'Association des géographes français, Les transformations de la géographie française au cours des années 1970 (1968-1981). Paris, 17 mai 2015.

* Avec Bertrand Müller : « Mai 1968, creuset pour les sciences de l'homme ? ». Colloque annuel de la Société française pour l'histoire des sciences de l'homme. Paris, 10-12 septembre 2008.

 

Invitations à titre individuel dans des séminaires de recherche :

Jeudi 11 février 2016, 15h00-17h00, EHESS, Séminaire "Faire science" (Camila Orozco-Espinel et Yann Renisio), Paris, bat. "Le France" : « Faire science en géographie (1930-1980). Perspectives transatlantiques ».

Mercredi 20 mai 2015, 10h00-17h00, Atelier EHESS / Archives nationales, « Comment faire l’histoire des sciences sociales ? », Pierrefitte sur Seine : « Est-il possible d’écrire l’histoire d’un auteur contemporain ? » (à propos de la publication d’un recueil d’articles de Jean-Claude Chamboredon, présenté par Paul Pasquali, intervention sur la « tranche » 16h00-17h00).

Vendredi 30 janvier 2015, 14h00-16h00, Paris, Séminaire « Histoire des sciences humaines et sociales » (Centre Alexandre Koyré) : « Les 'années 68' des sciences humaines et sociales » (Présentation du numéro 26 de la Revue d’histoire des sciences humaines en présence de plusieurs contributeurs au volume).

Vendredi 12 décembre 2014, 14h00-16h00, Paris, Séminaire du Gaddal (IHEAL) : « Les conceptions de la science en géographie »

Vendredi 4 avril 2014, 14h00-16h00, Séminaire du Gaddal (IHEAL). « Faire de la géographie, entre logique disciplinaire, exigences scientifiques, spécialisation et construction d’objet ».

Vendredi 31 janvier 2014, 14h00-17h00, Groupe Dupont (Avignon). Avec Marie-Claire Robic : « Controverses en géographie. Perspectives d'histoire épistémologique ».

Vendredi 18 novembre 2011, 9h00-17h00, Séminaire ART-Dev « Sens et portée de la problématique des effets de lieu en géographie et en sciences sociales » (organisé par Catherine Sélimanovski). Discutant invité

Mercredi 18 novembre 2009, 15h00 – 18H00, Séminaire Paris 8/Ladyss (Saint-Denis). Intervention intitulée « Écologie humaine. Éléments sur l’émergence plurielle d’un syntagme ».

Vendredi 11 mai 2007, 11H00 – 12H00, Séminaire EUGÉA (Lyon), « Les nouvelles cartes du monde ». Intervention intitulée « 30 ans de lectures critiques de la production cartographique : ce qu'une posture constructiviste peut apporter en géographie »

Vendredi 13 janvier 2006, 14H00 – 16H00, Centre Koyré et Société française pour l’histoire des sciences de l’homme (Paris). « Les épistémologies du géographe (1900-1990), entre conformités institutionnelles et pratiques réelles »

Samedi 10 décembre 2005, 9H00 – 13H00, Groupe Dupont (Avignon). « Perspectives sur l’évolution de la géographie en France depuis les années 1960 ».

Communications à des colloques et autres manifestations scientifiques :

Menaggio, Villa Vigoni (2022), 3e session de la Conférence trilatérale Villa Vigoni « Régimes de pouvoir global. La réception géo- et biopolitique des travaux de Friedrich Ratzel à propos d’une théorie de l’espace, en Europe du 20ème et 21ème siècle » (14-17 novembre 2022). Présentation d’une communication intitulée « Friedrich Ratzel’s ‘demonization’ in post-1945 France as a result of a transatlantic circulation »

Kiel (2019) : Workshop « Histories of Quantitative Revolutions in Geography » organisé par F. Gyuris, B. Michel & A.-K. Paulus. (24-25 septembre 2019) Conférencier invité. Présentation d’une communication intitulée « The French “géographie théorique et quantitative” (1971-1996). Overview of a multi-faceted tradition’s blossoming. Histories of Quantitative Revolutions »

Liège (2018) : Colloque « Mai 68 et les sciences sociales » organisé en l’honneur du Pr Marc Jacquemain (7 décembre 2018). Conférencier invité. Présentation d’une communication (introductive) intitulée « Les « années 68 » des sciences humaines et sociales françaises : lieux, temporalités ». Texte à paraître dans un volume de Mélanges.

Paris (2018) : Journée d’étude de la revue Tracés, « Ce que la revue fait aux sciences humaines et sociales » (30 mars 2018). Participation (avec Wolf Feuerhahn) à la table-ronde « La revue comme lieu de pouvoir » (9h45 – 12h00). Sur invitation. Texte publié.

Paris (2017) : Colloque « Norbert Elias, sociologue de la connaissance et des sciences », Centre Koyré & Laboratoire Printemps (19-20 janvier). Présentation d'une communication intitulée « Norbert Elias, lecteur de la controverse Lakatos-Kuhn», le 20 janvier 2017, Centre Koyré, 10h.

Saint-Dié (2016) : Festival international de géographie (30 sept. - 2 oct.). Conférence intitulée « Renée Rochefort (1924-2010), femme et géographe des questions sociales», le 30 septembre 2016, 16h, Grand salon de l'hôtel de ville.

Moscou (2015) : Colloque régional de l’Union géographique international (17-21 août 2015). Communication intitulée “Political geography, geopolitics, geography of power in XXth Century French Geography, a question of labels?” (en anglais) dans la session conjointe « histoire de la géographie et géographie politique », le mercredi 19 août 2015.

Paris (2014) : Colloque Dans l'atelier des intitulés. À propos de la singularité du Collège de France. 27-28 novembre 2014. Communication avec Marie-Claire Robic intitulée « La géographie au Collège de France (milieu XIXe-milieu XXe siècle), ou les aléas d’une inscription disciplinaire»..

Paris (2014) : Journée d'étude de l'Association des géographes français,  Les transformations de la géographie française au cours des années 1970 (1968-1981). 17 mai 2015. Communication intitulée « Les années 68 de la géographie française».

Albi (2014) : Séminaire épistémologique Approche relationnelle et Political ecology. Enjeux pour une géographie de l'environnement et du pouvoir, 13-14 mai 2014. Conférencier invité. Communication intitulée « Claude Raffestin, une revisite dans le prisme de l'écologie humaine».

Paris (2014) : Colloque de la Société d'histoire et d'épistémologie des sciences du langage Modèles et modélisations en sciences du langage, de l'homme et de la société Perspectives historiques et épistémologiques, 24-25 janvier 2014. Conférencier invité. Communication intitulée « Le rôle du raisonnement graphique dans les modèles géographiques. Contribution à une épistémologie historique de la modélisation des spatialités humaines ».

Neuchâtel (2012) : Journée d’étude Les tentations fictionnelles du savoir, N. Vuillemin, dir., Neuchâtel, 21 mai 2012. Conférencier invité. Communication intitulée « L’écrit des géographes : entre contraintes de réalisme et exigences savantes ».
Porquerolles (2009) : Biennale d’histoire des théories linguistiques, Qu’est-ce que l’historicité des idées linguistiques ?, S. Archaimbault et C. Puech, dir., Porquerolles, 31 août - 5 septembre 2009. Conférence intitulée « Les pratiques de l’histoire de la géographie en France depuis 1969 » (1er septembre 2009)
Paris (2008) : Colloque Mai 68, creuset pour les sciences de l’homme ?, B. Müller et O. Orain (dir.), Paris, Centre Malher, 10-12 septembre 2008. Allocution introductive au colloque : « De la légende dorée à la série noire : la construction des mythes universitaires sur l’« influence de Mai-68 » »
Toulouse (2003) : Journée Rencontres entre mathématiques appliquées et sciences de l’homme, B. Jouve et S. Mercier, dir., 8 avril 2003.
Présentation d’une communication orale intitulée : « L’émergence de préoccupations "quantitativistes" dans la géographie française (1960-1980) : circonstances, formes et résistances »
Rennes (1999) : Colloque Rennes (1899-1999). La fondation des laboratoires de géographie et la figure d’Emmanuel de Martonne, G. Baudelle, J.-P. Marchand et M.-C. Robic (dir.), Rennes, Institut de géographie, 4-6 novembre 1999.
Présentation d’une communication orale intitulée : « Emmanuel de Martonne, constructeur de l’orthodoxie implicite de l’écriture post-vidalienne ? » Texte publié.
Cerisy (1999) : Colloque Logique de l’espace, esprit des lieux, J. Lévy et M. Lussault (dir.), Cerisy, 21-26 septembre 1999.
Intervention orale intitulée : « Pour une histoire des pratiques scripturaires de la géographie » dans l’atelier « Le fil de l’histoire (continuités et discontinuités de la géographie) ». Texte publié.
Poitiers (1999) : Colloque interdisciplinaire Représentation(s), G. Ferréol (dir.), Poitiers, Maison des sciences de l’homme et de la société, 5-7 mai 1999.
Présentation d’une communication orale intitulée : « Le plain-pied du monde. Évolution du statut du référent dans la géographie humaine française au XXe siècle ».
Sion (1997) : Colloque international Géographie(s) et langage(s) : interface, représentation, interdisciplinarité, G. Nicolas, J.-P. Ferrier et M.-C. Robic, dir., Institut universitaire Kurt Bösch, Sion, Suisse, 11-12 septembre 1997.
Présentation d’une communication orale intitulée : « Les motivations du discours géographique. Contribution à une étude textuelle des écrits des géographes postvidaliens ». Texte publié.


Encadrement de thèses (en cours)

* Kimberley du Buat, Être géographe en France, une socio-géographie d’un groupe professionnel, thèse de doctorat sous la direction d'Olivier Orain, sujet déposé en octobre 2022.

* Nicolas Szende, L’analyse spatiale dans le champ universitaire britannique : de la « New Geography » à l’entrepreneuriat de la donnée ?, thèse de doctorat sous la direction de Maryvonne Prévôt et Olivier Orain, Lille/Paris1, sujet déposé en septembre 2022.

* Hugo Cupri, Les géographes et le "politique". La géographie française face à une catégorie fluctuante (1880-2000), Paris 1, thèse de doctorat sous la direction de Florence Deprest et Olivier Orain, sujet déposé en octobre 2021.

Encadrement de thèses (soutenues)

* Matthieu Pichon, Les géographes et l'action publique urbaine : une politique de l'offre ?, Paris 1, thèse de doctorat sous la direction d'Olivier Orain, soutenue le 15 avril 2024.

* Dylan Simon, Les inscriptions savantes de Maximilien Sorre (1880-1962) entre conformation et singularisation dans le champ de la géographie, Paris 1, thèse de doctorat sous la direction de Jean-Marc Besse et Olivier Orain, soutenue le 28 novembre 2017.

* Sylvain Cuyala, Les petits mondes de la géographie théorique et quantitative (années 1970-2000). Analyse structurale des réseaux et étude des productions d’un mouvement hétérogène et transnational. Paris, université de Paris 1, thèse de doctorat sous la direction de Denise Pumain et Marie-Claire Robic, soutenue le 8 octobre 2014.

* Pierre Pistre, Gentrification, paupérisation et vieillissement dans les espaces ruraux français (1962-2006). Paris, université de Paris 7, thèse de doctorat sous la direction de Catherine Rhein, soutenue le 7 décembre 2012.

Intervention dans des séminaires de l’équipe E.H.GO et de l'UMR 8504 (Paris)

Octobre 2021 : Pour une histoire sociale des sciences sociales

Avril 2017 (avec Muriel Rosemberg) : Sur les écritures de Roger Brunet (séminaire écritures du géographique)

Mars 2017 : Espace, géographie, écriture (séminaire écritures du géographique)

Septembre 2015 : Géographie politique, géopolitique, géographie du pouvoir au XXe siècle, une réflexion sur des opérations d'étiquetage

Janvier 2015 : Trajectoire des équipes (PARIS, EHGO, Géophile, CRIA) et de Géographie-cités

Décembre 2014: Claude Raffestin, l'écologie humaine pour programme

Octobre 2010 : Ce que Mai 68 a fait à la géographie française

Mai 2010 (avec Fabrice Ripoll) : Un programme de recherche pour étudier les épistémologies de la géographie contemporaine

Novembre 2006 : Les géographes et les démarches cliniques

Février 2004 (avec Marie-Pierre Sol) : Pour une sémantique historique de "géographie sociale"

Décembre 2002 : La géographie française dans le prisme kuhnien

Mai 2002 : Roger Brunet et la « nouvelle géographie » : convergences et singularité

Avril 2001 : Compte-rendu de l’ouvrage de Jean-Michel Chapoulie, La tradition sociologique de Chicago. 1892-1961, Paris, Le Seuil, 2001

Juin 2000 : Le rôle de valeurs pré-constructivistes dans la remise en question de la géographie classique française (années 1970 - années 1990)

Mai 1998 : Géographie et réalisme

Mars 1997 : La quadrature d’un concept : organisation de l’espace


Bilan et nuances

C’est dans le champ de l’histoire et de l’épistémologie de la géographie (et des sciences sociales) que se situe l’essentiel de mon activité de recherche, mais aussi mon actuelle reconnaissance professionnelle. J'ai pourtant mené d'autres travaux, moins visibles car n'ayant pas fait l'objet de publications. En particulier des travaux de terrain que j’ai menés durant mes années toulousaines : sur la représentation de la qualité dans le vignoble de Cahors, sur les conflits socio-spatiaux engendrés par la périurbanisation dans le Sud-Ouest (agglomérations de Cahors, Montauban et Toulouse), sur les formes de diversification de l’activité en milieu agricole dans le Lot (filières de « qualité », agrotourisme, parcs régionaux). Ces travaux étaient intimement liés à ma position de formateur aux métiers de la recherche en géographie rurale (licence). En 2005-2006, j’ai développé un « chantier » avec des étudiants de niveaux divers autour des mouvements de rejet contestant l’implantation d’un second aéroport « toulousain » dans le secteur de Verdun-sur-Garonne-Monbéqui (Tarn et Garonne).

 

Domaines d’enseignement principaux (anciens ou récents) :

- Histoire et épistémologie de la géographie (depuis 1997)

- Philosophie des sciences (depuis 1997)

- Géographie rurale (1992-2006)

- Géographie de la Russie et des pays proches (1996-2006)

- Préparation aux concours (tutorat depuis 1996, CM depuis 1997 - jusqu'en 2006)

- Initiation à l’analyse spatiale (1997-2006)

- Géographie urbaine (2001-2006)

 
Encadrement de DEA (Master 2) et de maîtrises (Master 1)

* Valentin Six, Paris 1, Paris 4 et Paris 7 : trois « écoles » de géographie ? Explorer les cheminements de trois géographies universitaires ex-sorbonniennes de 1968 à nos jours, Paris, université de Paris 1, Mémoire de recherche (M2), sous la direction d'Olivier Orain, juin 2021.

* Hugo Cupri, Les Géographes et le politique, Paris, université de Paris 1, projet de thèse (M2), sous la direction d'Olivier Orain, septembre 2020.

* Léonie Matuszewski, Lieux et organisation sociale des vogueurs à Paris: l'hypisation du voguing, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d'Olivier Orain, juillet 2019.

* Hugo Cupri, Les thèmes politiques dans la géographie française des années 1945-1981, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d'Olivier Orain, juillet 2019.

* Ophélie Leverbe, Les géographes et la catégorie de « patrimoine » : histoire et sociologie d’une appropriation, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d'Olivier Orain, juillet 2017.

* Roxane Foroughmand, La célébration de Nowruz à Los Angeles : l'affirmation de la communauté iranienne dans l'espace public du comté californien, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d'Olivier Orain et Nader Vahabi, juin 2017.

* Jean Reynès, Pauvreté et précarité dans les espaces ruraux de faible densité, Paris, université de Paris 1, projet de thèse (M2) sous la direction d'Olivier Orain, juin 2017.

* Hyejoo Noh, Les spatialités d'une déviance du genre : le tabagisme féminin en Corée du Sud et ses stratégies d'évitement de la vindicte publique, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain, septembre 2016.

* Jean Reynès, Faire avec l'isolement en espace de faible densité : les hommes seuls dans le Nord-Aveyron, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain et Pierre Pistre, juin 2016.

* Oriane Vilain, La mise en récit des régions frontalières tchéco-allemandes de Bohème dans les romans tchèques de la période communiste, Paris, université de Paris 7, mémoire de fin d'études (M2), sous la direction d'Olivier Orain et Claude Grasland, septembre 2015.

* Mickaël Sousa, Construction sociale d'un quartier gay à Lisbonne : entre pratiques et représentations d'un espace, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain, juin 2015.

* James Vindex, Diffusion d’une perspective qualitative et rapports sociaux de production dans l’aire de production du thé de Darjeeling, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain, juin 2014.

* Mikhaël Naciri, La réception de l’œuvre de David Harvey en France (1969-2013), Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain, juin 2013. 

* Matthieu Pichon, Un tournant « représentationnaliste » dans la géographie urbaine (1970-1990) ?, Paris, université de Paris 1, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain, juin 2013.
* Sylvain Cuyala, Le référent allogène dans la géographie française contemporaine. L'étranger et les autres disciplines dans les Annales de géographie durant la période 1945-1984, Paris, université de Paris 1, septembre 2007, mémoire de master (M1) sous la direction de Marie-Claire Robic et Olivier Orain.
* Pierre Pistre, La contestation face à une grande infrastructure de transport, l’exemple du second aéroport toulousain dans les cantons de Grenade et Verdun-sur-Garonne, Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 2006, mémoire de master (M1) sous la direction d’Olivier Orain et Fabienne Cavaillé.
* Mélanie Foulon, L’évolution des thématiques urbaines en trente ans de parution d’une revue : le cas de L’Espace géographique (1972-2002), Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 2003, mémoire de maîtrise sous la direction d’Olivier Orain et Michel Roux.
* Laurent Nocco, Europe centrale, Europe de l’Est, Europe médiane : étude d’un objet régional flou dans la géographie française au xxe siècle, Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 2002, mémoire de maîtrise sous la direction d’Olivier Orain et Michel Roux.
* Mélanie Gambino, Le concept de faible densité de population : éléments théoriques pour une application en Irlande, Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, mémoire de DEA ESSOR sous la direction d’Olivier Orain et Philippe Sahuc, septembre 2002.
* Mélanie Gambino, La faible densité en Irlande : contrainte ou simple cadre de vie ?, mémoire de maîtrise (bénéficiant d’une bourse ERASMUS) sous la direction d’Olivier Orain et du Prof. Desmond Gillmor (Trinity College Dublin), Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 2001. Co-direction effective de Marie-Pierre Sol.
* Claude Charles, Dynamique des acteurs professionnels et processus de territorialisation. Le cas de vignobles riverains du Tarn (Gaillac et Côtes du Frontonnais), mémoire de maîtrise sous la direction d’Olivier Orain, Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 2000.
* Anne Biau, Périurbanisation. Objet et formes géographiques, mémoire de maîtrise sous la direction d’Olivier Orain, Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 1999.
* Véronique Baptiste, L’identité communale à l’épreuve de la périurbanisation. Une approche statistique et de géographie sociale. Le cas de l’espace péri-urbain de Rodez, mémoire de maîtrise sous la direction de Hélène Guétat-Bernard et O. Orain, Toulouse, université de Toulouse-le Mirail, septembre 1999.
* Emmanuel Meillan, L’objet “ vignoble ” dans la géographie classique française, mémoire de maîtrise sous la direction de Marie-Claire Robic et Olivier Orain, Paris, université de Paris I, juin 1997.
* Anthony-Jean Colombani, Fiction littéraire et écriture du territoire. Des exemples corses, mémoire de maîtrise sous la direction de Marie-Claire Robic et Olivier Orain, Paris, université de Paris I, juin 1997.
 
Autres expériences liées à l'enseignement et/ou associatives
J'ai passé deux années à l’Alliance française de Bahrein (1993-1995), où j’ai appris à enseigner aux enfants et aux adolescents, non pas certes l’histoire-géographie mais le français. Elles m’ont apporté une réelle expérience du métier d’enseignant, y compris dans ses difficultés.

Durant 8 ans (2007-2014), j'ai fait de nombreuses interventions en milieu scolaire (IMS) pour le compte de l'association SOS homophobie, à l'occasion desquelles je me suis « frotté » à des publics extrêmement divers de collégiens et lycéens. Entre 2008 et 2016, j'ai aussi été écoutant sur la ligne téléphonique et répondant courriel de cette association. J'ai enfin et surtout repris en 2008 la référence d'un groupe intitulé « adolescence et homophobie» qui a créé en 2010 sous ma direction (et avec l'aide décisive de Bartholomé Girard) le site C'est comme ça, devenu peu à peu une référence. Dans ce cadre, j'ai fourni initialement 80% des contenus, initié une rubrique de témoignages et par suite accompagné par courriel une vingtaine d'adolescent-e-s par an entre 2010 et 2017. Depuis 2017, j'ai réduit très fortement mon implication dans l'association. Je ne m'occupe plus du site et me concentre sur deux activités ponctuelles et peu absorbantes.

Langues pratiquées : anglais et russe, un peu d'allemand

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Olivier Orain : curriculum vitae 1

Ce curriculum vitae est laid et mal fichu, mais l'importation de fichiers word dans over-blog est soumise à de nombreux aléas. Je me suis seulement dit que cela pouvait constituer des informations divulguables. On trouvera des compléments plus ou moins à jour ici.

 

Né le 14 janvier 1968 à Strasbourg

1978-1985    Études secondaires en Région parisienne.
Baccalauréat section C obtenu en juin 1985.

1985-1988    Classes préparatoires littéraires au lycée Saint-Sernin (Toulouse).
Intègre l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud en sciences humaines en juin 1988.

1988-1992    Élève à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud. Suit parallèlement un cursus à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne.
    1989    Licence de géographie.
    1990    Maîtrise de géographie. Soutient un mémoire consacré à « L’action géographique des organisations professionnelles du vignoble de Cahors » sous la direction de Nicole Mathieu.
    1991    Reçu à l’agrégation de géographie.
    1992    Suit la formation du DEA « Analyse théorique et épistémologique en géographie »
(Universités Paris I et Paris VII, ENS de Fontenay-Saint-Cloud).
Fait à cette occasion un séjour de deux mois à Moscou dans l’éventualité d’un travail de recherche sur l’histoire de la géographie russe. Reçu au D.E.A. Obtient un poste de Chargé de recherches documentaires.

1992-1993    Première année comme Chargé de recherches documentaires (Université Paris I, Comité des travaux historiques et scientifiques). Enseigne la géographie rurale. Inscription en thèse, sous la direction de Marie-Claire Robic. Le sujet est intitulé : «Référent littéraire et littérarité dans la géographie française au xx s. Contribution à l’étude des rhétoriques du texte géographique. » Membre depuis lors de l’équipe de recherche « Épistémologie et Histoire de la Géographie » (E.H.GO).

1993-1995    Coopérant de service national à l’Alliance française de Bahrein (Golfe persique).
Y enseigne la langue et la civilisation françaises à des publics de tous âges et de tous niveaux.

1995-1996    Seconde année comme Chargé de recherches documentaires (Paris I / CTHS).
                        Deuxième année de thèse. Est élu Professeur Agrégé (PRAG) en géographie à l’université de Toulouse-le-Mirail.

1996-2001    PRAG à l’université de Toulouse-Le Mirail.

2001-2004    En détachement au CNRS pour deux puis trois ans (section 39),
Affecté à l’UMR 8504 (Géographie-cités, dir : Lena Sanders).

05/12/2003    Soutient sa thèse sous le titre définitif Le Plain-pied du monde. Postures épistémologiques et pratiques d’écriture dans la géographie française au xxe siècle.
Composition du jury : J.-M. Berthelot (université de Paris IV), B. Debarbieux (université de Genève), R. Marconis (université de Toulouse II), P. Petitier (université de Paris VII), M.-C. Robic (CNRS), J.-L. Tissier (université de Paris I, président du jury).

01/09/2004    Réintègre son poste de PRAG à l’université de Toulouse-II.

2004-2006    PRAG à l’université de Toulouse-Le Mirail.

01/10/2006    Devient Chargé de recherches au CNRS. Ré-Affecté à l’UMR 8504

15/12/2013    Prend la direction, avec Wolf Feuerhahn, de la Revue d'histoire des sciences humaines

09/2017        Prend la direction, avec Catherine Rhein, de l'Espace géographique

2018-              Co-direction de l’équipe EHGO avec Nicolas Verdier

2021-              Directeur de l’Espace géographique (assisté d’un comité de direction)

09/12/2021    Soutient son habilitation à diriger des recherches (HDR) sous le titre Une histoire de la géographie au prisme des sciences humaines. L'inédit est intitulé Pour une histoire des « sciences sociales » françaises (1944-1986).

Divorcé, 2 filles (nées en 1993 et 1997)

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Esprit de mai

En ces temps inquiétants, je travaille sur un projet de Colloque consacré aux relations entre les événements de Mai-1968 et les développements des sciences de l'homme en France avant, pendant et surtout après... Il y a déjà trois ans, j'avais sorti ce projet de mon carton à chapeau. Il n'était question que de géographie et ce n'était qu'une pure virtualité, puisqu'il s'agissait de faire des suggestions pour mon avenir au CNRS...
Depuis le livre simpliste de Luc Ferry et Alain Renault, La Pensée 68 (1985), deux idées n'ont cessé de se répandre. Il y aurait une pensée issue de Mai, qui aurait des contours précis, et cette "pensée" serait particulièrement nuisible, parce qu'à l'origine de tous les déclins français. En tout état de cause, la droite a trouvé là un excellent bouc-émissaire : vague mais ciblé, efficace parce que simplifié, symbole de l'effervescence des intellos-bobos que la "vraie France" qui se lève tôt exècre...
Pourtant, toute la difficulté de l'exercice consiste à mesurer l'incidence d'un événement singulier sur des tendances sociales à moyen terme. Un bon structuralo-marxiste dirait que l'on cache le temps long des transformations socio-économiques sous l'écume d'une manifestation épiphénoménale et superstructurelle. Et il n'aurait sans doute pas tort, même si ça fait mauvais genre aujourd'hui d'être structuralo-marxiste.
S'agissant de sciences, le pari est encore plus risqué : on a d'un côté un épisode social, culturel, générationnel ; et de l'autre des disciplines qui ont chacune leur développement cognitif propre, leurs logiques évolutives... Nouer les deux ensemble est un pari risqué, parce qu'il nécessite de trouver des indices forts d'une incidence de l'épisode sur les praticiens et leurs réseaux, sans parler des effets d'antériorité ou de feed-back : l'événement nourri par les sciences de l'homme...
Pour ce qui est de la géographie, j'ai passé plusieurs mois de ma vie à relever des traces de lien entre l'effervescence de mai et ce qui s'est passé durant la décennie suivante en termes de révision épistémologique et de transformations disciplinaires. Mais s'arrêter à la géographie, c'était une fois encore s'enfermer dans un petit monde dont l'autonomie n'était pas certifiée. Et il n'y avait d'intérêt à prolonger le questionnement qu'en comparant avec ce qui s'était passé ailleurs.
A l'automne dernier, ma bonne fée a fait pression pour que je participe de près aux activités de la Société française pour l'histoire des sciences de l'homme (SFHSH). Comme elle sait se montrer convaincante, je me suis porté candidat et, en janvier, j'ai été élu. D'une certaine manière, c'était l'issue raisonnable d'un soutien qui remonte à 1991 (ma première adhésion) mais que, provincial, je n'avais pas transformé en une participation active. Les colloques et journées d'études de la SFHSH sont toujours excellents : les intervenants sont toujours de qualité, on ne s'ennuie pas, et on apprend énormément de choses. Les réunions du CA (j'en ai fait 2 déjà) sont un vrai bonheur : quand on a connu les réunions à l'université de Toulouse-le Mirail, ça fait du bien...
Ils ne savaient pas quel thème trouver pour leur colloque annuel de 2008. Mais c'est trop bête ! Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ? J'avoue que faire un colloque pour les 40 ans des Evénements c'est presque gênant tellement ça coule de source. L'affaire s'est amorcée en février, elle se poursuit. Il faudrait qu'elle s'accélère. Nous sommes 3 permanents syndicaux : Bertrand Müller, Jean-Christophe Coffin et votre serviteur. Notre quatrième homme tarde à rejoindre le radeau. L'appel à communication est urgent. Je reparlerai de tout cela quand ce sera plus avancé.

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Olivier Orain : itinéraire de recherche

Depuis presque quinze ans, la quasi totalité de mon travail de recherche a une orientation épistémologique : réfléchir à la fabrique du savoir et au statut de la connaissance vis à vis du “ réel ” constitue l’essentiel de mon activité intellectuelle. Avant même de faire de la recherche, ce type de questions avait déjà largement orienté mes intérêts philosophiques (en classes préparatoires) et mon inscription, lors de mon année de licence (1988-1989), dans le séminaire d’épistémologie de la géographie que dirigeait Philippe Pinchemel à l’université Paris I. Tout ceci a fait “ système ” lorsque, après avoir passé l’agrégation de géographie, je me suis inscrit au D.E.A. Analyse théorique et épistémologique en géographie (ATEG) en septembre 1991. Depuis cette date, mon identité disciplinaire d’épistémologue (de la géographie et des sciences humaines en général) n’a cessé de s’approfondir. Elle a valeur de “ spécialité ”, même si elle est plus que cela : état d’esprit ? posture ? habitus ?

Immédiatement après avoir suivi la formation du DEA ATEG en 1991-1992, je me suis inscrit en thèse sous la direction de Marie-Claire Robic. Le sujet déposé en octobre 1992 — résumant les orientations formulées dans mon mémoire de DEA — fut intitulé Référent littéraire et littérarité dans la géographie française au xxe siècle. Contribution à l’étude des rhétoriques du texte géographique. Qu’il s’agisse de géographie russe ou française, il avait toujours été dans mes intentions d’exploiter dans mon travail les outils herméneutiques de la critique littéraire dite “ structuraliste ” (ou poétique, si l’on reprend la terminologie de Gérard Genette). Ayant dû renoncer après les classes préparatoires à un cursus multidisciplinaire (même restreint à la troïka géographie/histoire/lettres modernes), toute ma trajectoire ultérieure a été sous-tendue par le désir de renouer le plus pleinement possible avec une certaine polyphonie disciplinaire — réinscrite dans un projet de recherche aussi cohérent que possible. Accomplir cela dans un travail de thèse était on ne peut plus séduisant ; encore fallait-il clarifier les contours du projet...

En 1992, ma problématique partait d’interrogations socio-biographiques : depuis un siècle et dans leur très grande majorité, les géographes français ont été formés dans une matrice “ littéraire ” ou ressortissant pour le moins aux “ humanités ” ; même si, depuis la formation de l’école classique française, ils n’ont eu de cesse de se démarquer (par des moyens divers) de la dite matrice, pouvait-on faire une sorte d’archéologie de cette strate “ primitive ”, en interrogeant notamment les façons d’écrire des géographes ? Et que dire de la contradiction (réelle ou supposée) entre les aspirations à la scientificité et les contraintes du “ bien écrire ” ? Je souhaitais à l’époque reconstruire une histoire des géographes français à l’aune de leur attitude vis à vis du référent littéraire et de ce que l’on pourrait appeler, faute de mieux, une “ écriture littéraire ”. Avec le recul, ce projet initial me paraît par trop périphérique par rapport à l’histoire de la discipline. Néanmoins, je persiste à penser qu’il y avait quelque chose d’heuristique à poser l’écriture littéraire comme problème posé à la géographie dans son devenir.

Mes premières années de thèse ont été marquées de fait par une mise entre parenthèses : à ma sortie de l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud en juin 1992, j’ai été recruté sur un poste de “ chargé de recherches documentaires ”, statut associant enseignement en université (à Paris I dans mon cas) et travail dans un organisme de documentation (en l’occurrence le Comité des travaux historiques et scientifiques [CTHS]). En théorie, le CRD est sensé pouvoir mener des recherches “ en relation avec son travail de thèse ” au sein de l’organisme d’accueil. Dans mon cas, il n’en a rien été : mes quinze heures hebdomadaires ont été considérées comme des “ moyens ” supplémentaires mis au service du dispositif éditorial. Pendant les deux années que j’ai passées au CTHS (1992-1993 et 1995-1996), j’ai donc été affecté à la préparation d’ouvrages (sur les sujets les plus divers). Lors de ma deuxième année de thèse, en 1995-1996, de très sérieux problèmes de santé ont contrarié l’ensemble de mon travail.

Entre 1993 et 1995, j’ai passé deux années à l’étranger au titre du service national de la coopération. Nommé enseignant-animateur culturel à l’Alliance française de Bahrein, avec des horaires très lourds (25 heures d’enseignement par semaine, auxquelles s’ajoutaient les heures de permanence et l’animation “ culturelle ”), j’ai été contraint de suspendre mon inscription en thèse pour toute la durée de ce séjour. Malgré tout, ces deux ans m’ont été extrêmement profitables. J’ai reçu la première année une véritable formation pédagogique. J’ai abondamment enseigné la civilisation et la littérature françaises à des publics composites et pas forcément acquis. Et que dire de l’expérience humaine accumulée, de la découverte de l’autre sous diverses formes...

De surcroît, lors de ma deuxième année dans le Golfe persique, j’ai pu répondre à une “ commande ” indirecte qui m’avait été faite par Roger Brunet. Ayant lu mon Rapport de stage en Russie, celui-ci avait suggéré d’en tirer pour l’Espace géographique un article susceptible d’être publié. Durant les mois de janvier à juin 1995, je me suis employé à relever le défi, avec l’aide précieuse de mon équipe parisienne. Tel qu’“ achevé ” en mai-juin 1995, l’article “ La géographie russe (1845-1917) à l’ombre et à la lumière de l’historiographie soviétique ” approchait les 96 000 caractères. Sa publication dans l’Espace géographique a amené le directeur de la revue à couper dans l’appareil démonstratif afin de limiter le dépassement des normes éditoriales. Quoi qu’il en soit, cette première publication à l’automne 1996 amplifiait et redonnait un sens à mes investigations de l’hiver 1992.

Le texte publié souligne l’importance considérable du genre “ histoire de la géographie ” dans 70 ans de production soviétique et la finalité essentiellement auto-justificative qui l’animait. Il s’agissait d’inculquer aux étudiants une “ vulgate ” stéréotypée confortant une certaine représentation des figures tutélaires et des thématiques de la discipline. Par contraste, les “ vrais ” problèmes que posait l’institutionnalisation de la géographie dans la Russie tsariste puis soviétique ne peuvent se lire qu’en creux. Au demeurant, les travaux spécialisés publiés depuis 1992 n’ont guère fait progresser le questionnaire. La question de la soviétisation de la géographie reste une inconnue, de même qu’il est difficile de préciser comment le paradigme du landchaftoviédiéniïé s’est imposé, dans une optique au demeurant exclusivement naturaliste. Je n’ai plus retravaillé sur l’histoire de la géographie russe depuis cette époque.

En définitive, ces années de mise entre parenthèses ont été des années de maturation silencieuse, grâce auxquelles j’ai pu (re)prendre ma thèse avec un autre regard et un peu de recul. L’enseignement, un travail éditorial au CTHS, puis le dépaysement et des difficultés de toutes natures, le retour, une “ longue maladie ” : tout ceci a contribué à infléchir ma recherche, qui s’est ressentie des expériences accumulées. La réflexion épistémologique demande peut-être ce suspens pour s’accomplir, c’est-à-dire pour n’être pas que manipulation de protocoles de recherche, pour donner à celui qui l’entreprend un sentiment de faire peut-être un peu sens (au moins pour soi).

En septembre 1996, alors que s’achevaient mon premier traitement médical et mon statut de chargé de recherches documentaires, j’ai débuté dans un nouveau poste de PRAG à l’université de Toulouse le Mirail. Malgré sa lourdeur, cet emploi m’a apporté bien des enrichissements. Mes collègues m’ont, dans leur très large majorité, traité comme un pair ; de sorte que, très vite, j’ai pu devenir maître de ce que je faisais, au lieu d’être confiné dans des tâches supplétives. Dès la première année, on m’a confié un cours semestriel sur “ L’effondrement de la Russie ” grâce auquel j’ai pu, depuis lors, considérablement étoffer ma connaissance de la Russie contemporaine et en faire bénéficier plusieurs promotions d’étudiants. Mais l’expérience capitale a débuté l’année suivante. Un module de licence intitulé “ Organisation de l’espace ”, dans lequel j’étais chargé de TD la première année, s’est vidé de presque tout son personnel à la rentrée 1997. Ayant passé une bonne partie de ma première année toulousaine à donner du sens à cette expression pour ma propre gouverne, je me suis proposé pour reprendre en main le module. Celui-ci avait beau être la seule U.V. généraliste de licence pour géographes, personne ne voulait plus en assurer la responsabilité, car il avait très mauvaise presse auprès des étudiants. Faute de concurrence, la direction de l’époque m’a confié la responsabilité de 32 heures de cours magistraux et de trois groupes de TD, de sorte que pendant trois ans j’ai toujours assuré plus de la moitié de mon volumineux service dans ce seul module.

Cette expérience a été capitale à plus d’un titre : loin d’être un simple module d’enseignement, “ Organisation de l’espace ” a été un lieu de recherche et d’auto-formation, un laboratoire pédagogique, parfois aussi une sorte de porte-flambeau. Ce module n’a jamais cessé d’être une expérience collective, jouant sur les complémentarités de “ sensibilités ” géographiques différentes, unies par le souci de faire réfléchir les étudiants. Si j’en crois les témoignages qui me sont parvenus, il semblerait qu’il ait été une expérience marquante (en positif ou en négatif) pour les promotions successives d’étudiants qui l’ont suivi avec plus ou moins d’assiduité. Il a pris très vite une tournure épistémologique marquée et a revendiqué en partage la formation critique (plutôt que positive) des étudiants en géographie du Mirail. Cela les a beaucoup déconcertés, d’autant plus que nous avons largement configuré la discipline au regard de champs extra-géographiques (épistémologie anglo-saxonne, économie spatiale, sociologie, anthropologie de l’espace, etc.) qui leur étaient presque toujours inconnus. En revanche, la légitimité pédagogique de ce module n’est plus remise en cause à ma connaissance.

Au sein de cet enseignement, mon interrogation principale a toujours été de clarifier ce que l’expression “ organisation de l’espace ” implique et peut recouvrir pour la discipline géographie. Aidé par les travaux de Marie-Claire Robic sur l’histoire de cette expression (Robic, 1982, 1995), j’ai été amené à faire des recherches sur les acceptions qui lui ont été assignées dans les années 1970-1980 (au détriment du sens d’“ aménagement du territoire ” dominant dans les années soixante). Pour ce faire, j’ai dépouillé une bonne partie du corpus de la géographie “ théorique et quantitative ” disponible en langue française (mais non exclusivement), ainsi que les précurseurs (de J. H. von Thünen à E. Ullman et J. Gottmann) et les détracteurs, en mettant l’accent sur la dimension spatialiste des théories plus que sur les problèmes de formulation mathématique. Parallèlement, j’ai essayé de faire retour sur les prises de position épistémologiques véhiculées par ce qu’on a appelé la “ nouvelle géographie ” et de pluraliser pour les étudiants la réflexion sur l’activité scientifique : non seulement ce qui peut la démarquer des autres activités humaines, mais aussi plus largement en les amenant à réfléchir sur la fabrique de la science (géographique en particulier) et sur les activités susceptibles de structurer une communauté disciplinaire.

Significativement, ces recherches à visée pédagogique sont progressivement entrées en congruence avec mon travail de thèse, conférant à celui-ci un caractère plus large que ce que j’avais conçu auparavant. Au cours de l’été 1997, j’ai tout à la fois commencé à préparer mes cours pour le module “ Organisation de l’espace ” et préparé mon intervention au colloque de Sion (Suisse), Géographie(s) et langage(s) : interface, représentation, interdisciplinarité, à l’occasion duquel j’ai formulé pour la première fois les hypothèses principales et la méthodologie de mon travail de thèse.

Avant d’évoquer celui-ci, il faut encore évoquer une autre recherche, directement liée à ma pratique d’enseignant à l’université de Toulouse-le Mirail. Dès ma deuxième année au département de géographie, outre un enseignement d’épistémologie générale et un autre d’initiation à l’analyse spatiale, j’ai toujours beaucoup mis l’accent sur les démarches systémiques. Or, à l’automne 2001, Marie-Claire Robic a dirigé un cours d’agrégation pour le Centre national d’enseignement à distance (CNED), relatif à la question  intitulée “ Déterminisme, possibilisme, approche systémique : les causalités en géographie ”. Ma partie, intitulée “ Démarches systémiques et géographie humaine ”, a été distribuée en janvier 2002. Il ne s’agit pas d’un travail de compilation ou de didactique systémiste, mais — au moins pour les parties II et III — d’une véritable recherche en épistémologie. Dans ce texte, j’essaie de montrer que l’affinité des géographes pour l’idée de “ système ”, justiciable de nombreuses formulations intuitives pré-systémiques (au travers des concepts de “ combinaison ”, d’“ interrelation ”, etc.), s’est manifestée de façon fort précoce : dès la fin des années 1960, et surtout au début des années 1970, les géographes s’emparent, à tout le moins du terme, de l’idée, voire de la théorie du système général. Alors qu’on brocarde souvent le retard de la profession par rapport aux modes intellectuelles, il n’en a rien été dans ce cas précis. J’essaie de montrer que le schème systémique est venu à point nommé pour redonner une légitimité scientifique au type d’objets épistémiques que la géographie affectionne : des artefacts complexes et hétérogènes, non réductibles à une unité organique, et manifestant une certaine pérennité dans le temps. Un certain nombre de travaux qui ont fait date sont présentés, à commencer par la thèse de Franck Auriac. En revanche, mon travail ne prenait pas en compte les efforts légèrement antérieurs des géographes physiciens pour repenser une géographie physique globale à travers le concept phare de “ géosystème ” et la reprise à frais nouveaux de la notion de paysage. J’ai travaillé sur ce champ à l’occasion de cours en 2001, puis tout récemment dans un nouveau texte pour le CNED, “ La géographie française face à la notion d’échelle. Une approche par les significations et les contenus épistémologiques ”. La question de la rénovation de la géographie physique dans les années 1950-1960 et du rôle de personnalités comme Jean Tricart, Charles-Pierre Péguy et Georges Bertrand est de celles qui m’intéressent de plus en plus. Depuis 2005, j’ai entrepris également des recherches assez systématiques sur ce que je considère comme le “ présystémisme ” de la géographie classique. Outre un cours construit sur cette base et un recueil de textes significatifs, déjà établis, j’entends rédiger dans les mois qui viennent un article pour un manuel collectif avec les matériaux et réflexions amassés.

Il me resterait à préciser que durant mes années d’enseignement, malgré le caractère fastidieux de mon service, j’ai mis à profit les programmes d’enseignement (parfois imposés) pour développer ma connaissance de divers champs (l’histoire de la transition soviétique, l’analyse spatiale, la géographie rurale, l’anthropologie de la “ qualité ” agricole, la sociologie américaine).

Pour des raisons diverses (service de la coopération, longue maladie), mais surtout du fait de ma charge de PRAG, je n’ai commencé à travailler à ma thèse qu’à l’été 1997. C’est à cette époque que j’ai formulé pour la première fois mes hypothèses principales et ma méthodologie. Mon premier titre de thèse a cessé alors d’être pertinent (si l’on excepte le sous-titre), puisque que mon propos n’était plus d’explorer la littérarité cachée de la géographie française. Mon projet s’est redéployé en envisageant plus globalement l’écriture des géographes (acte complexe de “ mise en texte ” et de précipitation de la pensée) comme une sorte de révélateur épistémologique. Il s’agissait d’examiner la littérature disciplinaire du xxe siècle à l’aune d’une interrogation sur le statut épistémique de la réalité dans les travaux de géographes. Je voulais montrer que deux postures se sont succédé dans le temps. L’une, que l’on peut qualifier de “ réaliste ” au sens plein du terme, est intimement liée aux conceptions de ce que l’on appelle communément l’“ école française de géographie ”. L’autre, pressentie par certains géographes au cours du siècle, n’a vraiment été affirmée que dans les années 1970, en réaction précisément contre la posture classique. À des titres divers, on peut la considérer comme “ constructiviste ”. Ces postures pesant sur l’ensemble des pratiques savantes de la géographie, il apparaissait nécessaire de les situer dans un cadre épistémologique plus large, ce pour quoi j’ai eu recours à la théorie des paradigmes et révolutions scientifiques de Thomas Kuhn. Considérant qu’une période de “ science normale ” s’était ouverte au début du siècle avec l’installation des élèves de P. Vidal de la Blache dans les principales chaires universitaires de France, il s’est agi d’interroger ce qui constituait l’ossature du paradigme et les mécanismes présidant à sa reproduction. Dans le même esprit, les remises en cause des années 1970 se laissent aisément interpréter comme “ révolution scientifique ”.

Le caractère souvent implicite ou peu théorisé des positions épistémologiques en géographie a encouragé un recours abondant à des formes d’interprétation appuyées sur la critique littéraire (notamment sur les travaux de Gérard Genette, de Michel Charles et de Philippe Hamon) : travail sur les figures de rhétorique, l’énonciation, les formes d’ordonnancement du discours, l’intertextualité, etc. Mes premières investigations (en 1997-1999) ont essentiellement porté sur la géographie dite “ classique ” ou “ postvidalienne ”. C’est à cette époque qu’un examen de rares textes théoriques et de plusieurs corpus empiriques (thèses des élèves de Vidal, Géographie universelleAnnales de géographie) m’a amené à échafauder le schème du réalisme de la géographie (post)vidalienne. À l’occasion de plusieurs colloques (Sion, Poitiers, Cerisy, Rennes), j’ai eu l’opportunité de présenter mes analyses devant des publics divers. Je n’ai en revanche pas eu alors le temps d’approfondir mes réflexions sur des textes plus contemporains. C’est en 1999-2000 que j’ai entrepris un travail de dépouillement systématique des textes “ révolutionnaires ” des années 1970, conjointement à un approfondissement de la théorie kuhnienne (et des critiques qu’elle a suscitées). C’est par l’examen attentif de la littérature contestataire constituée en “ nouvelle géographie ” que s’est trouvée confirmée de façon éclatante l’hypothèse que le réalisme traditionnel était un verrou (un tabou ?) qu’un aggiornamento de la discipline impliquait de faire sauter. La critique nominaliste est un élément essentiel du réquisitoire des années 1972-1986, qui n’avait jusque là guère été pris en compte dans les examens rétrospectifs.

Au printemps 2001, la section Espaces, Territoires, Sociétés du CNRS m’a donné la possibilité d’être détaché pour deux ans sur un poste de chargé de recherches. Au 1er septembre 2001, j’ai donc quitté mon poste de PRAG et suis devenu chercheur à temps plein au sein de l’équipe Épistémologie et histoire de la géographie (UMR 8504 Géographie-cités), avec pour contrat explicite d’achever ma thèse de doctorat durant cette période de détachement. De surcroît, j’ai obtenu au printemps 2003 une prolongation d’un an. Cela est venu en quelque sorte compenser le temps perdu dans des problèmes de santé, en 2001 et en février-mars 2003.

À partir de 2001, mon travail sur la théorie kuhnienne m’a amené à de nouveaux développements sur le problème des signes avant-coureurs qui précèdent une phase de crise paradigmatique, ce que T. Kuhn appelle une “ anomalie ”. Il s’agissait de se demander si ce vocable avait du sens en géographie, et si l’on pouvait trouver des indices de quelque chose d’équivalent dans la production des années 1960. Par ailleurs, un examen des critiques anglo-saxonnes de la théorie de Kuhn et le défi représenté par la polysémie des textes réflexifs de cette époque (notamment ceux de P. George), m’ont amené à échafauder une interprétation socio-linguistique (adossée à des réflexions sur lexique et significations) des changements de paradigme, qui essaie de rendre concrète l’idée kuhnienne de “ renversement gestalltique ”. Le travail qui en a résulté, inimaginable jusqu’à l’automne 2001, a pris des proportions non négligeables (en termes de numérisation de textes, de réflexions nouvelles, de place dans la thèse). Au lieu des deux parties un peu binaires projetées initialement, le texte final en comporte trois.

En avril 2003, au sortir de nouveaux problèmes de santé, j’ai entamé la phase ultime de rédaction, qui m’a donné enfin l’occasion d’écrire sur la géographie des années 1970. Confronté à un très vif débat historiographique sur la question des discontinuités épistémologiques en géographie, j’ai essayé d’argumenter de la manière la plus détaillée possible l’hypothèse d’une rupture majeure et complexe survenue par paliers dans les années 1972-1986. Pour autant, le travail de la seule archive écrite n’a cessé de me poser question : pour aborder les bouleversements de cette période, examiner leur lien avec les événements antérieurs de mai-1968, expliciter certaines frustrations exprimées par les jeunes générations d’alors, le matériau utilisé, quoique éclairant, semble appeler des compléments méthodologiques. Réaliser des entretiens auprès des acteurs de l’époque, afin de croiser enquête orale et travail du texte, est devenu l’une de mes ambitions.

Il y a plus de deux ans, le 5 décembre 2003, j’ai pu enfin soutenir ma thèse de doctorat, honorant par là le contrat tacite qui m’engageait auprès de la section 39 du CNRS. L’achèvement de ma thèse étant désormais un acquis, ma directrice et moi sommes entrés dans un processus de réflexion et de prospection pour trouver un lieu de publication. Bien entendu, ceci impliquera une réécriture, pour laquelle je compte fusionner certains chapitres et intégrer des développements nouveaux (notamment sur les formes de “ néo-réalisme ” qui ont émergé depuis les années 1980, parfois en réaction contre le nominalisme). Au demeurant, la commande faite à E.H.GO d’un petit ouvrage sur la géographie française (par l’Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF) — qui dépend du ministère des Affaires étrangères) m’a déjà donné l’occasion de remettre mon travail de thèse sur le métier. En effet, j’ai rédigé le troisième chapitre, qui est consacré aux épistémologies de la géographie française au xxe siècle. Cela m’a permis de préciser quelques distinctions peu explicitées auparavant (sur la spécificité du réalisme géographique et ses aspects non positivistes, etc.) et de prolonger mon travail historiographique jusqu’à la période actuelle.

Durant le premier semestre 2004, j’ai soumis le texte de ma thèse à plusieurs des auteurs concernés (Franck Auriac, Claude Raffestin, Roger Brunet, Henri Chamussy). Si les réactions ont été il me semble très favorables, j’aimerais approfondir le dialogue. J’ai aussi profité de ma liberté nouvelle pour me rendre pour la première fois à un Géopoint. J’ai pu commencer à y recueillir nombre de souvenirs des fondateurs du Groupe Dupont. J’ai depuis été élu membre du groupe à l’été 2005 et les Dupont m’ont invité à venir leur parler de ma lecture des évolutions récentes de la géographie en France, ce qui a donné lieu à un exposé de presque trois heures le 9 décembre 2005, suivi d’une longue discussion.

Sur un autre plan, le thème proposé pour le colloque Géopoint 2004, la forme en géographie, m’a suggéré un réemploi de certaines réflexions que je n’avais pas voulu développer dans ma thèse. J’en ai tiré une contribution qui essaie de sortir des schèmes épistémologiques traditionnels (mais aussi du cadre discontinuiste de mes recherches antérieures) et de montrer, dans une conceptualisation proche de celle de Jean-Claude Passeron, que l’une des opérations les plus usitées en géographie serait la clinique, opération visant à identifier des cas en combinant des références universelles, une attention à la particularité et une indispensable (mais souvent peu consciente) interprétation. Parmi les diverses sortes de clinique envisageables, la géographie a pour particularité d’affectionner celles qui recourent à des répertoires de formes standardisées, parfois considérées comme des “ structures ”. Par exemple, la géomorphologie, la géographie agraire ou les recherches sur l’habitat rural, mais aussi la chorématique, voire certains essais d’application de “ modèles ”, ressortissent, pour partie au moins, à une clinique par les formes. Précocement, elles se sont adossées à des catalogues iconographiques raisonnés, qui étaient loin de n’avoir qu’une finalité pédagogique. Dans cet article bientôt publié, j’essaie d’expliciter cette idée, avant de montrer que la démarche ainsi définie n’est pas sans poser de sérieux problèmes épistémologiques.

Enfin, j’ai participé ces derniers mois à diverses entreprises collectives fédérées par l’UMR Géographie-Cités : d’une part un cours d’agrégation pour le CNED (cf. supra) portant sur la nouvelle question d’épistémologie, “ Échelles et temporalités en géographie ” ; d’autre part la rédaction d’une brochure sur la géographie française, à destination des institutions françaises à l’étranger, dont la parution est imminente. Le premier texte consiste en une réflexion sur l’évolution des significations de la notion d’échelle dans la géographie française, à partir d’un corpus restreint examiné suivant une méthodologie dérivée de ma thèse, quand bien même je n’avais jusqu’à présent pas ou peu réfléchi sur cette thématique particulière.

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Car il faut bien commencer... (un éditorial)

Il y a sans doute quelque chose d'assez égocentrique à vouloir tenir un blog (ou : bavard ? vaniteux ? désespéré ?). Celui-ci n'est pas mon premier, je le confesse, même s'il est le seul en mon nom propre. En revanche, il est dédié à un projet précis que j'aimerais exposer.
Je suis depuis peu chercheur au CNRS, après une longue période passée à enseigner à l'université de Toulouse-le Mirail.  Pendant de nombreuses années, j'ai eu toutes les peines du monde  pour  simplement faire aboutir une thèse.  Grâce au CNRS, qui m'a offert trois ans de détachement, je suis venu à bout de l'exercice (à mon plus grand étonnement). La thèse soutenue, j'ai mis trois ans pour trouver un poste, et c'est le même généreux bienfaiteur qui m'a ouvert ses portes.
J'ai aujourd'hui une immense liberté. Je ne dois plus effectuer "384 heures/année" comme avant. Même si j'aime profondément l'enseignement, je ne regrette pas d'avoir renoncé à mes printemps pourris par des centaines de copies. A la place, je suis sollicité par une foule grandissante de petits exercices d'écriture, sans compter les chantiers que constituent la publication de ma thèse, l'organisation d'un colloque, etc. Comme tant d'autres, on ne saurait dire que je ne fais rien.
Mes travaux commencent à être un peu connus par mes collègues géographes. A bientôt 40 ans, je ne suis plus vraiment un petit jeune. Même si l'épistémologie de la géographie n'est pas la passion de nombre de mes collègues, il existe aussi une demande d'intelligibilité, à laquelle je n'ai pas la prétention de répondre seul, mais pour laquelle je peux me prévaloir de 15 ans de travail constant. Pour cela, les lieux d'écoute et d'édition ne manquent pas. Mes publications académiques sont toutes accessibles sur hal-shs. Vous les trouverez directement en cliquant sur le lien "Ma page dans mon UMR". Mais je ne saurais dire que mon travail officiel peut suffire à mon bonheur de chercheur et d'intellectuel.
Il y a tout ce qu'on aimerait publier mais qui ne rentre pas dans le cadre...
Il y a les polémiques qu'on aimerait nourrir mais qui peuvent se passer d'un cadre très exposé...
Il y a les compte-rendus qui n'ont jamais été livrés...
Bref, ce blog est dédié au "off" d'une carrière de chercheur, expression d'une voix plutôt que vitrine académique. C'est aussi une ressource pour mettre à disposition des informations personnelles "publiques", pour ceux qui n'y auraient pas accès autrement. J'aurais préféré l'option "site de chercheur" avec blog incorporé, mais mes connaissances techniques sont insuffisantes.
Tout ce qui me semble pouvoir (devoir) être exprimé ici le sera...

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