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Un bref portrait de Roger Brunet

Je suis en train de revoir un article à paraître dans les actes du colloque de la Société d'histoire et d'épistémologie des sciences du langage (SHESL), Modèles et modélisations en sciences du langage, de l’homme et de la société. Perspectives historiques et épistémologiques (2014). Ce texte, consacré au rôle de la "graphique" dans la modélisation en géographie, est l'occasion de préciser et de rendre publiques des analyses que je développe depuis 20 ans à propos de l'histoire de l'analyse spatiale. Une fois n'est pas coutume, la perspective sémiologique n'est pas centrée sur l'expression discursive mais sur l'image. C'est aussi mon premier texte dans une perspective résolument internationale, examinant des circulations entre géographies américaine, anglaise et française.  La première partie se focalise sur l'émergence du terme "model" dans la géographie anglophone. La deuxième examine le statut et les propriétés d'un certain nombre d'élaborations graphiques associées au développement de la modélisation spatiale aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Le troisième explore la façon très particulière dont Roger Brunet a excipé de cela la proposition que l'on pouvait développer une modélisation à proprement parler graphique. Il y a un double mouvement derrière cette architecture : l'un consiste à montrer comment une virtualité relativement annexe (illustrer une élaboration mathématique par une schématisation) a été progressivement rendue iconique, du fait des propriétés de l'image et de son statut particulier en géographie ; l'autre tend à montrer que la fameuse "syntaxe spatiale" proposée par R. Brunet ne peut se comprendre que replacée dans un cadre plus large (là où trop de commentateurs myopes ont érigé sa "table des chorèmes" en table de la Loi ou en puzzle carcéral, en en gommant l'historicité).

M'adressant à des non-spécialistes, j'ai rédigé un encadré sur Roger Brunet donnant quelques informations sommaires sur sa trajectoire. C'était aussi une façon de ne pas enfermer sa vie dans le geste analytique de l'épistémologue. Il s'agissait également d'exprimer peu ou prou ma sympathie profonde pour un homme qui a profondément marqué la géographie française de la deuxième moitié du XXe siècle, alors que les jeunes générations le connaissent moins bien et que le grand public est peu au fait de son travail. L'article étant très long, il m'a été demandé de rogner ce qui pouvait l'être. Les collègues ont trouvé que cet encadré était peut-être dans une trop grande sympathie pour l'homme et c'est ce qu'ils m'ont demandé de retirer au premier chef. Comme je n'avais pas envie qu'il disparaisse complètement, je le republie sur mon blog. Je ne sais pas trop à qui cela pourra servir, mais les automates d'internet sont fouineurs.  Comme over-blog m'empêchait de présenter cela à ma guise (le texte débordait à droite), j'ai créé une page ad hoc.


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J'ai maintes fois exprimé mon désir d'écrire un jour quelque chose de conséquent sur Roger Brunet (un livre ? une succession d'études ?). Gageons que cette brève présentation et mon travail à l'occasion de cet article seront les premières pierres apparentes de cette élaboration. J'assume en tout cas toutes les sympathies et antipathies qui s'y expriment. La seule chose qui me laisse de marbre est le prix Vautrin-Lud, qui a trop souvent couronné une notoriété plutôt qu'une œuvre conséquente (et non, je ne donnerai pas de noms !).

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