Le trentième volume de la Revue d'histoire des sciences humaines est arrivé chez notre éditeur. Il sort officiellement le 13 avril prochain. Le volume reprend et retravaille les résultats de journées d'étude organisées au Centre Koyré les 4-5 mars 2014 par Wolf Feuerhahn, Rafael Mandressi et Antonella Romano, sous le titre initial « Qu'est-ce qu'un contexte ? Un débat transdisciplinaire sur une pratique intellectuelle et ses enjeux ». Le sommaire détaillé est disponible ci-dessous. Nous avons pensé qu'il était utile de proposer en regard une discussion avec Marie-Claire Robic, Jean-Marc Besse et Pascal Clerc sur le "spatial turn", qui à plusieurs égards peut aussi se lire comme une affirmation contextualiste. On trouvera également dans ce volume un article en varia sur La Nouvelle Alliance d'Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, un compte rendu de Fabrice Grognet à propos d'une demi-jounée de réflexion à l'occasion de la réouverture d'un Musée de l'homme, et des discussions autour de quelques livres plus ou moins récents. Le tout forme un ensemble très riche dont nous espérons qu'il suscitera de l'intérêt.
Présentation du dossier
La mise en « contexte » est souvent tenue pour une pratique commune aux sciences humaines et sociales. Prendre acte de l'inscription des faits étudiés dans un temps et dans un lieu circonstanciés apparaît incontournable pour des sciences censées rendre compte de la singularité de leurs objets. Mais cette référence au contexte est-elle vraiment fédératrice ? Revenant sur l’émergence, la dissémination mais aussi le rejet du terme « contexte » et des pratiques qui lui furent associées dans diverses disciplines, le présent volume fait apparaître un paysage plus complexe qu’attendu. Le « contexte » révèle des tensions existant entre les différentes sciences humaines et sociales comme au sein de chacune d’elles. Des défenseurs de l’autonomie du texte (juridique, philosophique…) y voient une pratique relativiste. D’autres dénoncent, au contraire, un usage paresseux qui en ferait un simple décor. Certains spécialistes de l’histoire environnementale préfèrent la notion d’Anthropocène afin de mettre en relief l’empreinte humaine sur la terre à une échelle moins locale. Par-delà leur variété, les études de cas proposées ici montrent que l’historien des sciences ne peut objectiver les pratiques de mise en « contexte » sans s’interroger sur les siennes propres.
Sommaire
Les sciences humaines et sociales : des disciplines du contexte ?
Wolf Feuerhahn
Pourquoi parler d’une histoire contextuelle du droit ?
Jean-Louis Halpérin
L’histoire de la philosophie appartient-elle au champ des sciences humaines et sociales ?
Catherine König-Pralong
Écrire l’histoire de la psychanalyse : le problème du contexte
Andreas Mayer
Une atmosphère très particulière. La sensibilité au contexte dans la pratique de la géomancie en Inde du Nord
Caterina Guenzi
L’environnement global, défi à la contextualisation ?
Hélène Guillemot
Document
Note sur le développement des disciplines ethnologiques en France
Marcel Griaule
Refonder l’ethnologie française sous l’Occupation
Christine Laurière
Varia
Apologie de la thermodynamique ou collaboration entre un physicien et une philosophe ? La Nouvelle Alliance d’I. Prigogine et I. Stengers (1979)
Emanuel Bertrand
Débats, chantiers et livres
* Qu’est-ce que le spatial turn ?
Table ronde avec Jean-Marc Besse, Pascal Clerc, Marie-Claire Robic, organisée par Wolf Feuerhahn et Olivier Orain
* De l’oxymore d’autrefois au palimpseste d’aujourd’hui : vie, mort et résurrection du musée de l’Homme
Fabrice Grognet
* Une sociologie historique de (toute ?) la sociologie française depuis 1800
Sébastien Mosbah-Natanson
Sociologie historique et épistémologie sociogénétique de la sociologie. Johan Heilbron, French Sociology
Marc Joly
Pour une sociologie historique et réflexive des sciences humaines et sociales
Johan Heilbron
* Tiago Pires Marques, Crime and the Fascist State, 1850-1940 (Jean-Christophe Coffin)
* La sociologie de René Worms (1869-1926), Les Études sociales, no 161-162, coordonné par Frédéric Audren et Massimo Borlandi (Annie Petit)
La sociologie de René Worms (1869-1926), Les Études sociales, no 161-162, coordonné par Frédéric Audren et Massimo Borlandi (Marine Dhermy-Mairal)