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de plain-pied dans le monde

Franck Auriac dans O. Orain, De Plain Pied dans le Monde (2009)

Franck Auriac, praticien du construit

[...] autant des positions de principe en matière de constructivisme sont régulièrement exprimées en géographie (Le Berre, 1988 ; Lussault, 2003a), autant les dispositifs spéculaires mettant en relief le travail d’un objet (forcément « construit ») contrôlé et explicité, sont rares. Pourtant, la posture n’est jamais aussi probante que comme relation à l’empirie. C’est à ce titre (parmi d’autres) que l’effort de Franck Auriac dans Système économique et espace me semble particulièrement précieux. Il s’agit à l’origine d’une thèse de doctorat, soutenue en 1979, qui avait pour référentiel le vignoble languedocien. À l’époque, le travail a fait date, parce que représentatif de la géographie « théorique et quantitative » et par ailleurs emblématique d’un effort pour concilier marxisme, systémisme et géographie. Face aux critiques marxistes dénonçant les tentatives de la nouvelle géographie comme une réification inacceptable de l’espace, F. Auriac montrait comment l’examen d’un « système socio-économique », clairement identifié et reconstruit pièce par pièce, n’était pas incompatible avec un travail sur l’« espace produit » par ledit système. Après une décennie d’intuitions diffuses, c’était aussi le premier travail de géographie empirique utilisant de manière constante la théorie du système général, dans sa version « heuristique » réaménagée par les « systémiciens » français (Edgar Morin, Yves Barel, J.-L. Le Moigne).[1]

Je voudrais montrer que c’est aussi une entreprise éminemment constructiviste. Mon travail a porté sur la version publiée quatre ans plus tard aux éditions Économica (1983). Mais je ne me suis pas limité au seul livre Système économique et espace pour l’étude présente, dans la mesure où les positions globales de l’auteur sont explicitées différemment ailleurs, quand bien même l’ouvrage fournit l’essentiel des matériaux empiriques examinés. L’enjeu de ces lignes n’étant pas de rendre compte globalement de la thèse mais de faire ressortir le constructivisme auriacien, ce qui suit pourrait éventuellement laisser en suspens nombre d’interrogations que pourrait se poser un lecteur qui ne connaîtrait pas le livre (cf. Orain, 2001b).

À l’occasion d’un colloque sur la région et le développement régional tenu au début des années 1980, F. Auriac présenta une communication intitulée « Espace et système », dans laquelle il exposait « l’exemple [...] qui a servi au montage didactique de [s]a thèse » (Auriac, 1983b). Immédiatement après l’introduction, alors que l’on semble s’installer dans une routine justement « didactique », l’allocution fait une embardée agressive, ravageuse et inattendue :

Essayons de résumer au mieux le construit systémique du vignoble. Il est déterminé par une suite de constats dont l’argumentation sera ici condensée. Les uns, en négatif, posent comme évidente une déstructuration régionale du Bas-Languedoc dans l’économie française contemporaine. Mais qu’on s’entende bien : il s’agit de déstructuration au sens économique et selon une approche systémique. Cette précaution, j’espère, m’évitera les foudres de ceux qui, à partir de définitions et de critères autant antagonistes qu’hétérogènes posent comme innée l’existence de régions, subdivisions « naturelles » de niveau infra-national (c’est tellement confortable, et auto-justifiant pour le métier ou la science géographique...). (Auriac, 1983b : 36).

Étrangement, la « précaution », pour « éviter[...] les foudres » se retourne immédiatement en une diatribe passablement polémique (comme en terrain ennemi ?), nourrie par une ironie presque amère dans la bouche d’un géographe. C’est que la position adoptée par F. Auriac à l’occasion de ce colloque — qui n’est pas un hapax dans sa production de l’époque — possède une radicalité dont on ne mesure pas forcément la portée à l’occasion d’une lecture cursive. Le scepticisme, quand il prend la forme d’une mise en doute de l’enracinement ontologique des objets justifiant l’existence de la géographie, est une attitude limite qui a rarement été considérée par les théoriciens francophones. En effet, qu’on l’incarne par « milieu », « région », « espace », « système spatial » ou « territoire » et quelle que soit la suspicion jetée sur le reste de la terminologie par certains auteurs, demeure presque toujours la croyance qu’il y a « du géographique » parce qu’il y a des « êtres »[2] de cette sorte dotés d’une certaine stabilité bien que foncièrement hétérogènes, et susceptibles de se perpétuer par delà les mutations qui les affectent. Par ailleurs, cette croyance ontologique est suffisamment ouverte (ou récipiendaire ?) pour s’emplir de substances fort diverses, depuis les ensembles géomorphologiques martonniens jusqu’aux monades sémiotiques postmodernes et autres « géogrammes » chers à Augustin Berque. Il s’agit dans tous les cas de sauver les fondements du géographique. Or, ici, se trouve formulée une négation partielle du lien essentiel et à priori entre un objet et une discipline. Ce faisant, toutes les croyances en de l’« inné » (ou du « premier », ou du géo-ontologique, c’est tout un) sont globalement démystifiées par la lecture qu’en propose comme incidemment F. Auriac. En outre, les prémisses du « construit » proposé en alternative sont résolument extra-géographiques : elles sont économico-systémiques, renvoyant l’interrogation sur l’« espace » (déictique disciplinaire) à un temps second de la recherche.

D’un certain point de vue, le scepticisme ontologique pourrait surprendre ici, sachant le tropisme pour l’idée de système de nombreux théoriciens du géographique (A. Cholley, P. George, P. Pinchemel, R. Brunet, H. Reymond, etc.), lequel se comprend par les nombreuses congruences légitimantes qu’offre une certaine vulgate systémique avec la vieille idée de « complexe géographique » (cf. Orain, 2001b). Pourtant, il faut inverser la relation dans le cas de F. Auriac : sa recherche ne procède pas de la volonté d’échafauder une théorie générale de l’espace géographique qui, à un certain niveau d’élaboration, s’emparerait de l’idée de système. Au contraire, ses travaux n’ont jamais débouché sur une théorie générale, grand œuvre ou simple horizon. Le systémisme, en revanche, est une composante à priori de ses travaux, sous l’influence principale d’Yves Barel, de même qu’une certaine forme de marxisme, assez hétérodoxe à divers égards, qui s’inscrit dans une tradition d’économie rurale marxisante. Et l’essentiel de la démarche auriacienne consiste à échafauder ou « construire » des interprétations qui réinvestissent divers objets hérités (le vignoble languedocien, les ghettos noirs, les « pays ») à partir de cette grille hybride ou d’autres schèmes, sans jamais prétendre fonder quelque chose de définitif. Il est difficile d’être catégorique à la seule lecture d’un corpus, de surcroît incomplet et centré sur les années 1978-1986, mais il me semble qu’à cette époque au moins notre auteur, non seulement rejette le « réalisme géographique » avec détermination, mais fait preuve d’un scepticisme foncier à l’encontre d’entreprises assertant un objet générique proprement géographique, tant sont variables les résultats en fonction de la grille de lecture adoptée. Cette posture est frappante dans un article comme « Le pays-territoire » (1982) :

En fait, cette entité géographique [le pays], rarement clairement affirmée, tantôt unité naturelle au agricole, tantôt sous-région, tantôt tombée urbaine, se déforme au gré des changements de perspective géographique. De l’idéologie agrarienne prégnante du début du siècle au constat des déterminants urbains dans l’organisation de l’espace, des modes et perspectives sans cesse redéployées d'une géographie dite générale, censée instruire les principes des découpages spatiaux, il reste de multiples acceptions possibles du mot pays dont les fréquents guillemets qui l’encadrent marquent bien l'hésitation. (p. 21)

Trop souvent a-t-on voulu édifier un objet plutôt qu'analyser un processus. (p. 25)

Le pays comme toute autre forme spatiale du micro-social n'est ni un objet spécifique local, ni une « cadastration » de l’espace géographique. Il est une forme particulière, mais généralisable d'étendue ou d’espace socialisés, un territoire géographique de cohérence locale, matérielle et sociale. (p. 36) (Auriac, 1982).

D’un certain point de vue, le scepticisme ontologique pourrait surprendre ici, sachant le tropisme pour l’idée de système de nombreux théoriciens du géographique (A. Cholley, P. George, P. Pinchemel, R. Brunet, H. Reymond, etc.), lequel se comprend par les nombreuses congruences légitimantes qu’offre une certaine vulgate systémique avec la vieille idée de « complexe géographique » (cf. Orain, 2001b). Pourtant, il faut inverser la relation dans le cas de F. Auriac : sa recherche ne procède pas de la volonté d’échafauder une théorie générale de l’espace géographique qui, à un certain niveau d’élaboration, s’emparerait de l’idée de système. Au contraire, ses travaux n’ont jamais débouché sur une théorie générale, grand œuvre ou simple horizon. Le systémisme, en revanche, est une composante à priori de ses travaux, sous l’influence principale d’Yves Barel, de même qu’une certaine forme de marxisme, assez hétérodoxe à divers égards, qui s’inscrit dans une tradition d’économie rurale marxisante. Et l’essentiel de la démarche auriacienne consiste à échafauder ou « construire » des interprétations qui réinvestissent divers objets hérités (le vignoble languedocien, les ghettos noirs, les « pays ») à partir de cette grille hybride ou d’autres schèmes, sans jamais prétendre fonder quelque chose de définitif. Il est difficile d’être catégorique à la seule lecture d’un corpus, de surcroît incomplet et centré sur les années 1978-1986, mais il me semble qu’à cette époque au moins notre auteur, non seulement rejette le « réalisme géographique » avec détermination, mais fait preuve d’un scepticisme foncier à l’encontre d’entreprises assertant un objet générique proprement géographique, tant sont variables les résultats en fonction de la grille de lecture adoptée. Cette posture est frappante dans un article comme « Le pays-territoire » (1982) :

 

La formalisation de la combinaison par les méthodes de traitement des données renvoie donc aux hypothèses et à la théorie. Traiter une matrice, c'est admettre un référentiel dont on est prisonnier. Il faut bien en mesurer les conséquences. N'attendons pas de voir jaillir de la boîte magique des êtres générés par d'autres germes que ceux qui y sont contenus. Tout lieu n'a d'existence que par rapport aux autres pris en considération. Il se peut qu'il soit mal défini et alors il conviendra d'en réexaminer les contours. Il n'a d'existence également que par les descripteurs qui le caractérisent. Il se peut que ces descripteurs soient inadéquats et il sera utile de les reconsidérer. Mais chaque fois qu'un changement interviendra aussi bien dans l'univers des lieux que dans celui des descripteurs, c'est l'ensemble de référence qui sera modifié. À chaque expérience[3] nourrie d'observations nouvelles, corrigée des impropriétés précédentes, naît un nouveau recueil de lieux, sans qu'on puisse prétendre cerner la réalité. Car en fait, nos objets géographiques, même s'ils s'inscrivent dans un même découpage spatial, ne sont jamais identiques. Construits, ils sont obligatoirement des images d'une réalité perçue ou comprise d'une certaine manière.

En amont de la formalisation matricielle, il faut admettre théoriquement que tout individu, objet ou lieu géographique est un construit et que par conséquent toute combinaison décelée n'a de signification qu'au regard des hypothèses momentanées, provisoires, qui ont commandé au recueil des données. C'est le changement d'hypothèses et les expériences successives qui, profilant de nouveaux construits au travers de combinaisons nouvelles, permettront diverses approches de la réalité. [...]

[...] la formalisation qu[e] permet l'analyse multivariée fondée sur le calcul matriciel, par la clarification théorique qu'elle exige, est devenue concept. Elle ne peut être dissociée de l'acceptation que nos objets étudiés, nos lieux pris en considération, loin de prétendre à la réalité, sont des construits. (Auriac, 1978 : 128-129).

Dans cette citation un peu longue, le constructivisme auriacien se dessine de façon relativement nette : les choix ayant déterminé la constitution de la matrice construisent un « référentiel » provisoire qui tout à la fois est totalement circonstanciel (bien d’autres choix étaient possibles) et en même temps devient hautement contraignant (« on est prisonnier ») quant aux combinaisons qu’il met à jour. D’un autre côté, le happening inductif a ses limites : il n’y a pas de « boîte magique », simplement des intuitions réglées. Dans cette configuration particulière, l’idée que « tout lieu n'a d'existence que par rapport aux autres pris en considération » (soit la définition même de l’interaction spatiale) est à la fois un choix technique et une « sortie » des opérations « expérimentales », qui appelle une évaluation (sur la valeur des définitions retenues, sur l’« adéquation » et les « impropriétés »). Au demeurant, l’évaluation est un peu le point de faiblesse de l’exposé, dans la mesure où F. Auriac ne précise pas quels sont les moyens par lesquels on régule les opérations et à l’aune de quoi l’on peut juger de la valeur des critères et des sorties. Au final, la matrice de corrélation est à la fois un exemplar (au sens kuhnien) et une synecdoque technique (la partie pour le tout) qui permet de tenir ensemble diverses significations : elle opère une réduction drastique de la description classique tout en préservant un certain nombre de propriétés des « référentiels » anciens (l’hétérogénéité, l’unité de « cadre ») ; elle « formalise » et « systématise » ce qui demeurait à l’état « intuitif » dans l’idée classique de « complexe » ; son caractère contingent interdit toute espèce de croyance réaliste en une possible correspondance entre un état des choses et la grille particulière construite par le chercheur. En même temps, elle n’est pas tout et ne saurait tout réduire : elle ne suffit pas dès lors que l’on veut réfléchir à la spatialité des « sorties » qu’induit une analyse combinatoire, ce qui réclame la réintroduction du théorique et d’autres formes de manipulation expérimentale (notamment la cartographie et les enquêtes « monographiques »). Mais comment justement pourrait advenir cette « spatialité » ?

Mais déjà, insensiblement, ce n'est plus la vigne qui définit le vignoble, c'est l'espace. Évidence ? Sans doute, mais l'implication d'une telle remarque dépasse largement la pauvreté descriptive dont elle est la manifestation. Il ne sera pas inutile de montrer comment apparaît l'espace viticole, à quelle échelle et au bénéfice de quels descripteurs. (Auriac, 1983a : 10).

Le caractère induit (encore plus que construit) de l’espace apparaît nettement dans l’introduction de la thèse-livre, ainsi qu’en témoigne l’extrait ci-dessus : par la manipulation de « descripteurs » dans une succession d’analyses multivariées « apparaît l'espace viticole », c’est-à-dire un résultat de recherche nécessitant un ensemble d’interprétations et d’« abstractions indispensables ». Malgré l’emploi d’un répertoire en apparence réaliste (cette idée d’« apparition » du vignoble), il s’agit simplement d’une « sortie finale » des matrices de corrélation, retravaillées par généralisation, comme le confirme un autre passage de l’introduction, dans laquelle l’auteur élude la question de la clause de réalité de son travail après l’avoir posée :

[...] le vignoble, objet géographique, est un construit. La géographie, comme toute science, doit forcément procéder aux abstractions indispensables. Et même si elle n'était qu'un point de vue, elle n'y échapperait pas. « Science du réel » a-t-on pu dire, mais quelle science ne serait-elle pas du réel ? Si par là on veut signifier que ce serait la spécificité de la géographie, c'est insoutenable. Cela ne veut pas dire que le réel, le concret sont totalement perdus de vue. à sa manière, selon ses méthodes et son axiomatique, la géographie peut et doit participer à l'explication des phénomènes socio-économiques à travers la façon dont ils utilisent l'espace, explication partielle qui n'épuisera jamais le réel. Son objet est dans l'explication, dans l’abstraction. Il n’est pas le réel. (Auriac, 1983a : 7-8)

Dans l’article contemporain « Espace et système », Franck Auriac s’est prémuni contre les objections que sa posture pourrait éventuellement susciter, se réaffirmant à l’occasion clairement pour le « construit » :

En préalable à ceux qui jugeraient cette « catégorie » d’espace abstraite et a-géographique (le terrain, n’est-ce pas !...), puis-je renvoyer à un livre étonnamment instructif, celui d’un physicien, Bernard d’Espagnat, qui promène son regard « à la recherche du réel » (B. d’Espagnat, À la recherche du réel, le regard d’un physicien, Gauthier-Villars, 1979), qui pose d’ailleurs bien la différence entre réalisme et positivisme face à l’existence d’une réalité indépendante et nous met en garde : « le plus souvent nous avons tout naturellement tendance à attribuer nos perceptions à une cause et pour cela à concevoir une réalité indépendante qui jouerait ce rôle de cause : la philosophie de l’expérience ne nous affirme pas qu’il y ait là, nécessairement et dans tous les cas, une faute de jugement, mais elle nous rappelle qu’une conception de ce genre n’est pas une exigence de pure logique ». Plutôt que la référence positiviste, je retiendrais celle de la philosophie de l’expérience ; à coup sûr, j’essayerais de ne pas verser dans un réalisme implicite et par conséquent non critique, celui que notre géographie sert, sans le savoir, faute d’ailleurs de pouvoir le professer. Je tiendrais pour un construit l’espace du géographe : c’est la seule position ouverte permettant d’être attentif aux échos et conséquences des discussions théoriques et épistémologiques qui traversent la connaissance scientifique. (Auriac, 1983b : 48).

Même si notre auteur s’en défend ici, il y a une sorte de voisinage entre sa posture et un certain positivisme (« logique », pour le coup), mais dans une acception de ce concept qui n’était pas courante alors dans les sciences sociales : l’idée, justement, que l’on ne peut accéder à l’explication que sur la base de théories inductives employant des catégories artificielles, dont l’intérêt est d’épurer les relations causales qui, elles et elles seules, peuvent déboucher sur une validation. Bien entendu, la pensée systémique récuse la théorie de la causalité classique et de ce fait se démarque d’une acception restrictive du positivisme, ce qui est encore renforcé par les connotations extrêmement péjoratives du terme dans la tradition française (sous les coups de l’épistémologie althussérienne ?). Par ailleurs, la présence de schèmes régulateurs non pas expérimentaux mais interprétatifs (systémisme et marxisme) éloigne du positivisme logique. D’étranges échos en demeurent pourtant, qui n’engagent que l’aspect « expérimental » de la posture auriacienne.

À des niveaux multiples, la nécessité du « construit » donne du sens à la recherche empirique exposée dans Système économique et espace. Dès l’incipit, le caractère contingent (ou inessentiel) de l’« objet » est affirmé avec force par une succession de dénis :

Cet essai est une étape de recherche conduite dans quelques voies ouvertes par le débat critique qui anime la géographie actuelle. À travers un exemple, l'objectif est de participer à l'effort de conceptualisation que ce débat impose. L'objet géographique servant d'expérimentation est celui du vignoble languedocien conçu comme système économique (plus exactement un sous-système économique) et surtout comme un système spatialisé. Un système spatialisé, cela veut dire quoi ? Que l'espace a une fonction systémique, qu'il est susceptible d'intervenir de manière décisive. On ne peut assigner à celui-ci un rôle premier, car ce sont les relations d'ordre économico-social qui, dans leur combinaison systémique, provoquent son émergence. C'est la raison pour laquelle il est préférable de parler de « système spatialisé » plutôt que de « système spatial ». Mais la spatialisation d'un système peut tendanciellement provoquer un changement radical, déterminant. Alors le système est spatialisé.

Le vignoble, objet d'étude, n'appartient pas aux seuls géographes : objet économique, objet social, objet technique, objet spatial, objet socio-économique, objet socio-économico-spatial... Il est soit l'un soit l'autre, ou bien ni l’un ni l’autre, ou bien encore présente plusieurs faces. Doit-on s’en étonner ? Est-il nécessaire de lui attribuer un statut propre ? L’analyse systémique a l’immense avantage de refuser l’étiquetage. Elle change l’optique d'observation. Elle n'astreint pas à décortiquer des objets spécifiques puisqu'elle présuppose le multiforme. Après avoir posé comme hypothèse que le vignoble est un objet, entre autres, géographique, on peut avancer qu'il est un système. Si le vignoble est un système, son explication relève de la transdisciplinarité. Objet géographique, il implique que le niveau d'interaction économico-spatial soit privilégié dans son étude. (Auriac, 1983a : 7).

Dès les deux premières phrases, le statut épistémique de l’« objet géographique » est ramené à son caractère transitoire (« étape de recherche ») et strictement expérimental (« exemple »), tandis que ce qui prime est d’ordre épistémologique : participer au « débat critique qui anime la géographie actuelle ». Ce faisant, rupture avec toute la tradition classique, l’objet est clairement mis à distance : il n’y aura pas de fusion avec lui ou avec le « terrain » auquel il pourrait renvoyer. Ce qui importe dans la « recherche » est « l'effort de conceptualisation ». D’ailleurs, l’« exemple » semble presque se perdre au cours du premier alinéa, tant l’essentiel est ailleurs. Et quand le « vignoble » réapparaît, ce n’est pas pour donner des précisions sur le cas, mais pour opérer une seconde démarcation par rapport à l’idée standard d’« objet géographique », où l’on retrouve cette antienne de l’auteur quant au caractère non nécessaire de « géographique » par rapport à toute classe d’objets (en l’occurrence « vignoble ») : il n’y a pas d’« objets spécifiques », seulement peut-être un point de vue « privilégié » sur « le niveau d'interaction économico-spatial ». Au reste, pas une seule fois dans l’introduction les termes « espace » et « spatial » ne sont définis, ni même contextualisés, alors même que l’auteur apporte un soin particulier à l’explicitation des hypothèses générales de sa thèse : ils demeurent comme des boîtes noires de la réflexion, comme si F. Auriac voulait ménager tout le potentiel d’induction de sens qui va survenir. L’espace n’est pas seulement considéré comme « second » dans l’analyse : sa sémantique elle-même est seconde, inférentielle, tant et si bien que « la catégorie d’espace » ne donne lieu à une déclinaison conceptuelle qu’à la fin du dernier chapitre (p. 184-188) ! À cette aune, on pourrait dire que le mouvement du texte opère une mimèsis illustrative des partis-pris épistémologiques auriaciens : ce qui relève de l’interprétation (le traductible) est énoncé à priori (le vignoble-système est considéré comme une réponse a-capitaliste aux forces déstructurantes du système économique dominant), tandis que l’expérimentable (le vignoble-espace) se chargera progressivement de sens. À terme, il s’agit aussi d’unifier les deux procès en montrant que le produit contingent rétroagit dans les cadres de l’interprétation : « l'espace a une fonction systémique, [...] il est susceptible d'intervenir de manière décisive ». Ce faisant, une intention proprement méta-discursive gouverne l’ordonnancement de la thèse-livre, en rupture avec la mimèsis réaliste (reproduire l’objet), comme avec la mimèsis explicative (suivre les aléas d’une démarche probatoire).

La succession des chapitres répond à cette visée tout en proposant une saisie paradoxale (ou contre-posturale) du « produit » (expérimentable) et du « construit » (interprétable) : le chapitre I, « Espace et vignoble », propose un « repérage morphologique » mettant à jour « un espace bien identifiable », de sorte que l’espace, posé comme« second », est « identifié » (ou plutôt : signifié) en premier. Venant après, les chapitres II à V, dévolus au « construit systémique » , s’enchaînent suivant une logique grosso modo diachronique et selon un principe de traduction/spécification des principaux schèmes de la Théorie du Système général (TSG) : le système émerge à un moment très précis (1907, date de « Systémogénèse », chapitre II), à partir de quoi un « étrange » « unanimisme viticole de lutte » se donne pour « Finalité » (chapitre III) la défense des prix ; dans ce cadre, les caves coopératives jouent un rôle intégrateur (chapitre IV, « Fonction holonique »), illustrant la capacité du vignoble-système de mettre à profit les inputs susceptibles de le détruire (coopération, irrigation, AOC) qu’il détourne à des fins d’« Auto-reproduction » (chapitre V). En définitive, l’enchaînement de ces quatre « pièces » rend raison d’un processus de complexification du système dans le temps. Le dernier chapitre (VI) fait retour sur la « Spatialité », que F. Auriac reprend à frais nouveaux (d’un point de vue strictement théorique et non plus « expérimental ») pour abonder la thèse du rôle « radical, déterminant » de l’espace dans la perpétuation du système et proposer une sémantique du spatial, reposant sur les « concepts » de « potentialisation spatiale », « spatialité » et « spatialisation », au travers desquels l’auteur s’efforce avec une rigueur admirable d’éviter toute espèce de substantification de la catégorie générique.

[...] il n'est pas possible de considérer l'espace comme un géosystème, car ce serait lui conférer obligatoirement toute une série de caractères et de propriétés de détermination systémique qu'il ne peut avoir de par lui-même. L'espace n'existe pas en soi ; il est forcément d'abord un produit avant de donner, plus ou moins, par les flux qu'il crée, une tonalité systémique. Il paraît bien y avoir quelque abus à parler de systèmes spatiaux. (Auriac, 1983a : 189).

En tant qu’entreprise de traduction interactive dans une langue « systémo-marxienne » d’un ensemble de matériaux seconds (travaux historiques, géographiques, économiques) et de « sorties » d’analyses matricielles, la thèse-livre est aussi un « construit » qui fédère différentes analytiques sous un horizon interprétatif unique (encore qu’hybride). D’un certain point de vue, on pourrait dire que F. Auriac a pris au sérieux l’injonction raffestinienne[4] d’une projection d’éléments empiriques « à travers un langage » explicite tentant de les « rendre intelligibles », c’est-à-dire de les nouer par une « problématique relationnelle ». En revanche, il semble se dégager complètement du problème ontologique en s’efforçant de dégager son idiolecte (sa langue privée) de toute dénotation géographique à priori, considérant le spatial comme une dimension ex-post, conjecturale, modulable. La question est de savoir si cette séduisante liquidation du problème des prémisses par l’induction est totalement convaincante, ou si elle n’escamote pas quelques difficultés cachées. Ceci nécessite de se plonger profondément dans les chapitres consacrés à l’espace.

Dans « Espace et vignoble » (chapitre II), l’auteur présente toute une série d’analyses multivariées, utilisant des techniques diverses et s’appliquant à des « référentiels » et des échelles divers (le département de l’Hérault, les quatre régions méridionales françaises et, in fine, le « vignoble » languedocien). Ce n’est que progressivement qu’émergent des résultats spatiaux : après 13 pages (p. 25), alors même que des combinaisons socio-économiques multiples ont déjà été décortiquées. Toute la profondeur de la démarche (et sa pertinence) apparaît encore plus tardivement, lorsque F. Auriac souligne :

À l'échelle communale se produisent des combinaisons de variables socio-économiques originales où l'espace est doublement concerné : d'abord parce que c'est son introduction dans l'analyse qui en est à l'origine ; ensuite parce que ce sont en réalité deux, à la rigueur trois, combinaisons spatialisées qui prennent corps. (Auriac, 1983a : 33).

Ceci mérite quelques explications : les premières analyses factorielles développées (dans le cadre du département de l’Hérault) n’intégraient aucune trame géographique, seulement des critères socio-économiques. Et elles permettaient de conclure à la « plasticité » de la vigne, c’est-à-dire que cette activité économique ne s’insérait pas vraiment dans l’un des groupes de descripteurs « mis en facteur » par les analyses et qu’en la croisant aux autres descripteurs, rien de bien significatif n’émergeait. En somme, elle n’apparaissait pas comme un co-facteur de différenciation et de structuration des variables socio-économiques. En revanche, à partir du moment où une trame communale est requise dans une matrice de données, la vigne n’est plus « plastique » et s’associe à des axes factoriels majeurs. En somme, « introduire l’espace », c’est-à-dire de la différenciation spatiale artefactuelle (la trame communale en l’occurrence), génère des combinaisons nouvelles ou originales. D’où l’idée que « l’espace fait le vignoble », c’est-à-dire que l’activité socio-économique « viticulture » n’est discriminante que dans une problématique de la différenciation spatiale, alors qu’elle est indifférente à la structuration socio-économique non spatialisée. L’effet inductif est saisissant : dès que l’on spatialise les données, on génère des combinaisons nouvelles ! Il convient de préciser davantage cet effet d’émergence, car il n’est pas transparent. En effet, la « structuration des variables socio-économiques » faisant apparaître de la « spatialité » passe par un processus de « transcription » sous forme de cartes et, surtout, d’interprétation. F. Auriac travaille son matériau avec le schème de la « proximité urbaine » (qui met à jour un effet de « métamorphisme urbain » sur les variables socio-économiques) et celui de la « différenciation spatiale » qui permet de concevoir un type « à très haute intensification viticole, très cohérent spatialement et structurellement », qui correspond aux zones intermédiaires entre la « plaine côtière » et les « Garrigues et montagnes » : secteur de dominance des exploitations moyennes (de 2 à 20 ha), à la population vieillie, ayant recours massivement à la double activité agricole, etc. En somme, il n’y a pas (ce qui n’a rien de bien surprenant) pure inférence expérimentale, mais rétroduction de deux schèmes formalisés par la géographie théorique et quantitative : l’interaction spatiale, qui s’intéresse à la diminution des interactions avec la distance (en l’occurrence, il s’agit de « proxémie urbaine »), et la différenciation spatiale, qui travaille les différentiels de combinatoire dans une trame spatialisée. Un troisième schème est utilisé à l’échelle des Midis, la localisation spatiale, qui permet d’identifier une « forme forte spatiale » : un vignoble languedocien « qui ne résulte pas d'un assemblage local mais d'une différenciation interne à un vaste ensemble » (p. 37). On évite ce faisant de poser un vignoble à priori ; en revanche on « l’identifie », c’est-à-dire qu’on l’infère et qu’on le délimite sur la base d’une analyse multivariée (dont la trame est constituée par les « régions agricoles » du ministère de l’agriculture) qui ne présuppose rien de géographique et produit des agrégats qui, s’ils sont effectivement spatialisables, n’indurent aucun espace régional substantiel.

Ce faisant, il convient de bien souligner que cette « méthode d'identification de l'espace viticole languedocien » n’est pas que « expérimentale », ou du moins qu’elle suppose une théorie de l’expérience qui introduit dans l’induction tout un ensemble de schèmes régulateurs qui sont « implicités » au moment de leur mobilisation. Derrière cette grille invisible, on retrouve toutes sortes d’influences et de précédents qui puisent dans une certaine tradition géographique : les travaux de R. Dugrand sur l’influence des villes languedociennes et ce fonds d’habitudes, non exclusivement spatialistes, de spéculation sur la divisibilité régionale. Quelques pages plus loin, notre auteur interprète la « potentialisation spatiale » du vignoble avec un modèle centre/périphérie suggérant un gradient de « viticolité » depuis un « noyau fondamental » biterro-narbonnais jusqu’à des marges relativement floues :

Cartographier l'espace viticole, c'est trop le définir par des limites. C'est aussi trop l'uniformiser. L'espace viticole, construit à partir des descripteurs choisis conformément aux hypothèses initiales, est, au contraire, complexe et anisotrope. L'expérimentation sur le département de l'Hérault montre trois types spatialisés de combinaisons socio-économiques. L'un est une forme de potentialisation spatiale à très forte cohérence et intensification, et qui produit une induration viticole fondamentale. Il résulte d'une imbrication des forces productives, certes sociale, mais d'abord spatiale, où prévalent petites et moyennes exploitations. Un autre type caractérise une forme de métamorphisme péri-urbain du vignoble capable d'assumer une longue résistance malgré une structure de production apparemment anachronique. L'activité extérieure des exploitants explique l'importance des toutes petites exploitations. Quant au troisième type, les grands domaines lui donnent un caractère capitaliste certain où la vigne donne une assise sûre sans pourtant remplir une fonction spéculative permanente. (Auriac, 1983a : 41-42).

Ce qui est un peu gênant dans tout cela est le caractère systématique de la figuration inférentielle, qui tend à faire comme si « l’espace » surgissait, alors que divers préalables théoriques existent bien. Il en résulte que l’effet de suspens provoqué et obtenu quant à la signification du spatial génère un contraste, voire une dysharmonie, avec les efforts de clarification et de cadrage du propos d’ensemble. Méthodologiquement, cela fait des théories de la spatialité un point aveugle de la procédure, qui jaillissent parfois sous une forme un peu brutale :

L'autre [type spatial], celui de la plaine, auquel s'ajoutent 4 secteurs articulés sur des centres et des petites villes, compte un plus grand nombre de petites ou même toutes petites exploitations et l'activité à temps partiel y domine. En fait on voit très bien que c'est un critère d'urbanisation qui différencie les deux. La relation spatiale, ville-campagne est fondamentale. [...] La combinaison entre petites exploitations et travail à temps partiel n'est pas une simple combinaison socio-économique. C'est la relation spatiale de proximité urbaine qui l'explique. (Auriac, 1983a : 27).

Rien ne prépare au surgissement de ce schème très classique de l’« urbanisation ». Soudain « on voit très bien » — sauf que ce répertoire de l’évidence mobilise un référentiel théorique qui n’avait pas été explicité et s’appuie sur une connivence « culturelle » qui demeure pour partie opaque (il faudra attendre le dernier chapitre pour qu’elle soit effectivement clarifiée). On pourra arguer du caractère toujours précipité de la rédaction d’une version publiée de thèse. Il n’en demeure pas moins que ces effets scripturaires d’instillation implicite desservent les efforts de clarification en réintroduisant une sorte d’impressionnisme que l’on pourrait considérer pour partie comme non-constructiviste. Au reste, cette formulation inductiviste peut avoir des effets quasiment pervers, ainsi lorsque pour la première fois F. Auriac met en connexion « spatialité » du vignoble et système :

Dans chaque type, l'espace crée des flux relationnels économiques et sociaux divers : activité extérieure et travail à temps partiel supposent des horizons d'emploi proches ; la proximité urbaine maintient des structures spécifiques ; les relations locales et villageoises conditionnent une « fraternité » sociale et productive indissociable... Ces flux ne sont pas propres à un niveau systémique privilégié, ils créent autant d'éléments nouveaux que les seuls flux socio-économiques ne peuvent expliquer et il arrive un moment où les flux spatiaux investissent à ce point la formation sociale qu'ils deviennent eux-mêmes déterminants pour spécifier cette même formation. (Auriac, 1983a : 43).

Que penser d’un « espace » qui « crée des flux », sinon qu’il s’agit au mieux d’un raccourci, et au pire d’une « personnification » de l’espace qui tombe dans un travers que l’auteur semblait détester : la substantialisation des « objets géographiques ». Au reste, la suite de l’extrait accroît la confusion. De la « proximité urbaine » on passe aux « relations locales et villageoises », et de là aux « flux » (implicitement spatiaux) qui, en quelque sorte, excèdent l’explicativité du « socio-économique » : cette forme d’énonciation laisse entendre une sorte d’autonomisation du spatial par les « flux », alors que dans le même temps une relation d’équivalence implicite est établie entre la substance (« relations locales et villageoises ») et la forme (les « flux spatiaux »), c’est-à-dire très précisément ce que notre auteur refuse et pourchasse, en temps ordinaire. Pinaillage ? Sans doute pour partie, tant au reste l’effort de cohérence et de rigueur de F. Auriac est difficile à prendre à défaut. Il n’empêche que le parti-pris (esthétique ? idéologique ?) d’une énonciation inférentielle de la spatialité opacifie la réflexion et ne la met pas en valeur. D’ailleurs, ce que je connais de la réception du livre montre une certaine incompréhension vis à vis de la réflexion auriacienne sur l’espace. J’en donnerai pour exemple un passage d’un article de G. Baudelle et P. Pinchemel publié dans Espace, jeux et enjeux (Auriac et Brunet, 1986) :

C'est ce que montre bien l'une des rares thèses reposant sur la théorie des systèmes, celle que F. Auriac a consacrée au vignoble languedocien. Dans ce travail très séduisant, l'auteur montre la constitution du vignoble en système pour en expliquer la permanence. Il met en valeur le rôle de l'espace dans le système économico-social dont il est à la fois le produit et l'agent de reproduction. Aussi Auriac préfère-t-il parler de « système spatialisé » plutôt que de « système spatial » : en effet, c'est le système économique et social qui produit un espace pour durer. La démonstration est convaincante, mais un tel système demeure sans visage, sans réalité : on chercherait en vain à voir cet espace viticole, sinon dans de fugitives descriptions. Ce silence est d'ailleurs volontaire et assumé par l'auteur [...] (Beaudelle & Pinchemel, 1986 : 85).

Cette protestation en dit long sur le fossé séparant des spatialistes « substantialistes » comme P. Pinchemel (ou R. Brunet), pour qui l’espace « a une autonomie », et la conception auriacienne ; mais en même temps elle me semble révélatrice de la difficulté inhérente à la façon dont F. Auriac énonce son « espace », qui ne lui rend pas totalement justice, sauf dans le dernier chapitre. Au demeurant, la lecture néo-réaliste que les uns et les autres essaient de restaurer à la marge se nourrit d’une ambiguïté fondamentale de la thèse quant au statut ontologique du « système du vignoble languedocien », dont on ne saurait dire s’il est considéré comme une pure construction spéculative ou si l’auteur ne finirait pas par supposer, à un certain niveau, que le système « existe » en tant qu’individualité... Cette indécidabilité est cohérente avec le scepticisme ontologique, mais elle est troublante.

 


[1] En revanche, F. Auriac n’utilisait pas les formes mathématisées de la TSG. Les techniques quantitatives qu’il a mobilisées ressortissent exclusivement à l’analyse multivariée.

[2] C’est la position longitudinale la plus durable d’un Roger Brunet, de ses premiers textes « structuralistes » à aujourd’hui.

[3] Le terme « expérience » n’est pas là par hasard : l’idée qu’il faut procéder à des expérimentations (parfois un peu hasardeuses au départ) est tout à fait constitutive de la posture auriacienne, tout en ne renvoyant en aucun cas à une quelconque épistémologie naturaliste.

[4] Au demeurant, Claude Raffestin était à l’époque une référence importante pour notre auteur : dans l’introduction de l’ouvrage, il se revendique de la « problématique critique » théorisée par celui-là.

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